Un premier coup d’œil aux tableaux de Cendrine Bolaram montre à la fois de la cohérence stylistique d’un solo à l’autre et une profondeur de propos, à mi-chemin entre réflexion philosophique et chronique du quotidien, avec souvent une pointe d’humour ou d’ironie. À découvrir au Hennessy Park Hotel à Ébène, jusqu’au 31 mars. Dominique Bellier
Cendrine Bolaram a trouvé sa palette de couleurs et même son langage artistique dans le sillage du confinement, passant de la pénombre à la lumière en privilégiant les couleurs pastel, le symbolisme du bestiaire et une forme d’onirisme critique. Rien n’est naïf ici : cherchez-y plutôt la profondeur et les références philosophiques.
La jeune artiste aime expliquer son travail quand on le lui demande, curieuse aussi de la liberté d’interprétation de chacun. Dans cette palette claire animée d’objets ou animaux symboliques, dont le dessin renvoie au monde des représentations dessinées (BD, contes, K-pop…), elle se met parfois en scène dans le style contrasté de l’hyperréalisme. Son chien à table avec elle au petit-déjeuner aussi, de même qu’une chauve-souris, qui bénéficierait pour une fois d’une précieuse hospitalité (Tu casa es mi casa).
L’artiste veut attirer l’attention sur la valeur des petites choses et la nécessité de vivre pleinement le présent : sommes-nous conscients, lorsque nous buvons une tasse de café, de l’activité humaine qui l’a précédée ? Nous ne marchons pas dans le réalisme magique, mais plutôt tels des funambules sur une corde raide, entre vie et imaginaire, conscience et sagesse… Les moutons qui tombent du ciel ceints d’une bouée de sauvetage renvoient pour elle au comportement de l’électeur mauricien qui suit les mots d’ordre comme un mouton de Panurge. Mais au-delà de l’intention originelle, ce tableau questionne chacun : dans quelle mesure pensons-nous réellement par nous-mêmes ?
