Depuis le 7 mars, le Blue Penny Museum – fondé en 2001 par la MCB – célèbre le peintre et poète Malcolm de Chazal (1902 – 1981). Pour Emmanuel Richon, conservateur du musée, faire connaître au grand public celui qu’il considère être « le peintre mauricien par excellence, un artiste foncièrement singulier, impossible à ranger ou étiqueter » est primordial. Delphine Raimond
« Paysages, esprit créole, fulgurances de la pensée, sirandanes de l’approche, surprise des solutions picturales, jaillissement de l’exécution, joie des couleurs, conservation de l’esprit d’enfance… » sont autant de qualificatifs qui signent toute l’admiration d’Emmanuel pour l’artiste. Jusqu’au 7 juin, une quarantaine d’œuvres appartenant à des collectionneurs privés ou institutionnels, comme Beachcomber ou la MCB, régaleront le public mauricien.
« Surréaliste qui s’ignorait », selon André Breton. « Génie », selon Francis Ponge. De Chazal fut également qualifié de loufoque ou fada ! « On s’en prit d’abord à son écriture, nous confie Emmanuel, mais la reconnaissance par les grands esprits de son temps rendit ce dénigrement progressivement impossible. Ledit mépris se reporta alors sur sa peinture, qui était pourtant l’exacte continuation de sa pensée écrite. L’homme dut souffrir l’ostracisme d’un rejet particulièrement injuste, mais résista et en fut comme renforcé. Viscéralement indépendantiste, il n’avait pas peur de l’altérité. Sa pensée aphoristique et non-systémique avait de quoi en dérouter plus d’un… » Un tempérament bien trempé et une haute estime de lui qui furent les probables raisons du discrédit de son travail, quelque peu incompris.
Emmanuel le confirme, les œuvres de celui qui représentait à la fois la symbiose avec son île et sa culture, l’esprit de liberté et une originalité totale, sont complexes. « Dans l’harmonie enchanteresse des couleurs, l’encombrement presque toujours parfait de sa feuille, le choix des thèmes du quotidien… à l’image de l’exubérance de la nature mauricienne tropicale. On disait de Matisse qu’il était le peintre du bonheur, De Chazal pourrait être le peintre du bonheur au carré. »
Exposition gratuite. De 10 h à 16 h 30.
