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mercredi, décembre 25, 2024

Mammifères Marins à Maurice

Entre observation scientifique et activité touristique

Le mois d’octobre coïncide avec la fin de l’hiver austral, période à laquelle les baleines à bosses repartent de nos eaux pour aller se nourrir dans l’Antarctique. Les dauphins, quant à eux, demeurent proches de nos côtes toute l’année. L’occasion de faire le point sur les mammifères marins qui attirent de nombreux chercheurs et touristes dans nos eaux.

Mamifères Marins à MauriceDes cachalots au large de la côte Ouest de Maurice

Dauphin à MauriceQue ce soit dans Pinocchio, Flipper, Thalassa ou Sauvez Willy, les mammifères marins suscitent l’intérêt de l’Homme depuis la nuit des temps. Outre les contes, réalisations cinématographiques et autres grands reportages sur le monde marin, l’observation de ces mammifères aquatiques, notamment les dauphins, baleines et autres cétacés font l’objet de nombreuses études scientifiques de par le monde. De cette curiosité, est également né tout un secteur touristique : l’observation des baleines et la nage avec les dauphins.

Il est facile de réaliser le rêve de voir des dauphins dans leur habitat naturel.

«Plusieurs espèces de dauphins sauvages viennent, presque quotidiennement, dans les baies du sud-ouest pour socialiser, se reproduire et se reposer. Ils sont donc très accessibles pour une observation. Il est facile de réaliser le rêve de voir des dauphins dans leur habitat naturel », avance d’emblée Nina Dubois, coordinatrice de projet à la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS). Cette organisation non gouvernementale (ONG) se concentre sur la protection et la gestion de l’environnement côtier et marin à l’île Maurice depuis les années 80. « L’activité d’observation des dauphins le long de la côte sud-ouest de l’île Maurice a commencé à très petite échelle au début des années 2000. Elle a connue une croissance rapide au cours des années et ceci sans réglementation. Elle représente aujourd’hui une industrie très lucrative, employant un grand nombre de personnes. Déjà en 2009, l’apport monétaire de l’observation des dauphins à notre économie constituait, à elle seule, environ 150 millions de roupies. (NdlR : en décembre 2010, le ministre du Tourisme d’alors, Nando Bodha , indique à l’Assemblée nationale que le chiffre d’affaires des activités de Dolphin Watching était de 250 millions de roupies.) »

Jean Noel Mamet, directeur de Dolswim Ltd à Grande-Rivière-Noire se souvient également des débuts des activités touristiques autour des mammifères marins à Maurice. Comme son nom l’indique, la société propose des activités aquatiques autour des dauphins depuis 2003. « Nous avions commencé nos activités en proposant uniquement l’observation des dauphins. Ensuite, nous nous sommes intéressés à la nage. Au fil des années, nous avons constaté l’engouement autour de cette activité. En 13 ans, le nombre d’opérateurs proposant la nage avec les dauphins est passé de 4 à 40. »

Règlementation et formation

Dauphins à long becLes autorités locales, notamment le ministère du Tourisme, réagissent face à l’engouement croissant autour de cette activité. Selon le gouvernement, l’observation des dauphins est une industrie sur laquelle des centaines de familles dépendent. Cependant, l’absence de réglementation compromet la pérennité de cette source de revenus pour le pays. En juillet 2006, la Tourism Authority publie un code de conduite à respecter lors de l’observation et de la nage avec les dauphins. Considérant les études effectuées par la MMCS, le gouvernement implique et soutient l’ONG afin d’élaborer des mesures pour mieux réguler les activités autour des dauphins.

Ainsi, entre 2007 et 2014, des études scientifiques effectuées par la MMCS ont commencé à mesurer les impacts de la présence quotidienne des bateaux et des nageurs sur l’écologie et le comportement des dauphins de nos baies. « Nous avons effectué de nombreuses sessions de sensibilisation et de formation des skippers et des opérateurs de bateaux. Des sessions d’éducation dans les écoles primaires ont également été mises en place et nous avons poursuivi le lobbying pour la création d’une législation régularisant l’activité. Une loi est finalement entrée en vigueur en novembre 2012 », relate Nina Dubois. Suite à la mise en place du texte de loi, la Tourism Authority soumet la tâche à la MMCS de former plus de 300 skippers pour l’obtention de la nouvelle licence d’observation des dauphins.

Dolswim a également bénéficié de cette formation et collabore avec la MMCS pour le respect de la biodiversité marine. « Notre philosophie a toujours été de faire des activités avec un maximum de respect pour l’environnement, car elles en dépendent. Dans cette optique, notre personnel a suivi des formations spécifiques », indique Jean Noel Mamet. En effet, les membres de Dolswim ont été formés par la MMCS, en ce qui concerne les dauphins, et par l’ONG Megaptera pour l’observation des baleines à bosse et autres cétacés. Cette association développe de nombreux programmes d’études, de sensibilisation et de conservation des mammifères marins à Madagascar, dans l’Archipel des Comores, à la Réunion, aux Seychelles, à l’Ile Maurice et à Rodrigues.

D’ailleurs, nous avons pu constater de visu la mise en pratique de cette formation, lors d’une sortie en mer en compagnie de Dolswim. Un briefing est effectué avec les clients avant toute sortie en mer, durant lequel des consignes de sécurité et un code de conduite sont donnés. L’un et l’autre sont à respecter scrupuleusement à l’approche des mammifères marins.

Un meilleur contrôle demandé

Selon la MMCS, il existe un impact concret de l’activité d’observation sur le comportement des dauphins. « Ils passent plus de temps à se déplacer. Ce qui se traduit en moins de temps de repos, pouvant avoir d’autres effets à l’avenir sur le comportement et la population de cette espèce », met en garde l’ONG. « Quant à la taille des populations, nos données ont montré qu’il y a moins de mammifères que nous pensions d’abord lors du démarrage de l’étude. La population de dauphins à long bec autour de l’île Maurice est d’environ 450 et la population du grand dauphin de l’Indopacifique se compose de moins de 100 individus, ce qui est une très petite population. » Cette observation est controversée par les opérateurs touristiques. Néanmoins, ils sont tous d’avis qu’un long chemin doit être parcouru afin de faire respecter les lois en vigueur.

« Personnellement, le nombre de bateaux n’est pas un souci. C’est surtout le non respect des lois qui l’est. Si tous les opérateurs, qu’ils soient 40 ou 60, respectent la distance de sécurité imposée qui est de 50 mètres avec les dauphins, il n’y aurait pas eu cette impression que tous les bateaux les pourchassent. Une distance raisonnable serait maintenue, des clients pourraient même nager vers les dauphins et tout fonctionnerait », affirme le directeur de Dolswim.

Selon lui, la présence d’officiels sur les plages et des contrôles réguliers aux niveaux des opérateurs permettraient d’assurer un meilleur décor, a la fois pour les mammifères et pour les clients. « Même s’il y a une volonté parmi beaucoup d’opérateurs, s’il n’y a pas de contrôle, la situation se dégradera au fur et à mesure. Malheureusement, le travail de surveillance, mais surtout d’application de la loi, ne peuvent être effectués que par les autorités ayant un mandat pour le faire », soutient Nina Dubois.

Nous nous sommes également inquiétés de savoir comment se passe l’observation des cétacés. Les principaux acteurs de cette activité nous ont assuré que ces derniers jouissent d’une grande sérénité et ne sont pas beaucoup sollicités dans nos eaux.

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