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lundi, novembre 18, 2024

Marie-Hélène Walter, psychothérapeute centrée sur la personne

Je poursuis mon entretien avec la présidente de l’APACP (en place à Maurice depuis 2008) qui intervient également en tant que superviseur au sein de divers organismes locaux et associations. 

Delphine Raimond

Marie-Hélène m’explique toute la délicatesse du processus – justement centré sur la personne et non sur le problème ou le diagnostic –, face à une victime d’agression (maltraitances, violences sexuelles…). « Pas à pas, peu à peu… pour que quelques rares mots puissent se dire, se murmurer parfois, nous effectuons un travail délicat, tout en douceur, pour recueillir ces paroles précieuses et si difficiles. Ce grâce à la relation thérapeutique, au sentiment de sécurité établi durant les séances, au soutien et à l’investissement du psychothérapeute, pour être au plus près de la victime et de ce qui a été vécu. Mais aussi et surtout grâce à l’engagement de la victime reçue. »

Marie-Hélène me livre les résultats parlants d’une étude sur l’efficacité des psychothérapies (selon l’Américain Scott D. Miller, fondateur de l’International Center for Clinical Excellence) qui dépendent à 30 % de la relation, 40 % de ce qu’amène le patient, 15 % de l’approche psychothérapeutique choisie et 15 % de l’effet placebo.

Comment libère-t-on une victime du silence ?

Le thérapeute ne libère pas du silence, ce sont les victimes elles-mêmes qui s’en libèrent ! Avec le concours du psychothérapeute centré sur la personne, son attention, sa qualité d’écoute, sa présence… mais aussi, encore et toujours, grâce au courage des victimes dans leur démarche. Parce qu’elles en ont beaucoup !

Que dire de l’impulsion, la préméditation chez l’agresseur ?

Pour cette question, j’ai envie de faire référence au docteur Muriel Salmona et à son extraordinaire site : https://www.memoiretraumatique.org/

Les violences sont des conduites dissociantes et anesthésiantes d’autotraitement – comme une drogue – qui créent une véritable addiction et permettent aux agresseurs d’échapper à leur propre souffrance psychique, liée à la mémoire traumatique. Le plus souvent, cette souffrance provient de violences subies dans enfance !

Qu’en est-il de la psychocriminologie à Maurice ?

Là, je vais parler de justice restaurative et du fabuleux film Je verrai toujours vos visages. On y voit à quel point le cadre des rencontres entre les agresseurs et les victimes est primordial, le travail en amont fondamental ! Le dispositif doit être sécurisant, pour être bénéfique aux agresseurs et à leurs victimes. Celles-ci vont pouvoir être entendues, dire (généralement pour la première fois) leurs souffrances, les horreurs vécues… Dans l’approche centrée sur la personne, ces groupes de parole existent. Je souhaite que Maurice aille de l’avant et puisse proposer ces rencontres !

Marie-Hélène Walter reçoit les patients (à partir de 15 ans), les lundis et mardis sur rendez-vous, au centre médical W+Life – Tamarin : 483 5907.

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