Assurément, La Gazette Mag n’attend pas le mois de mars – eu égard à sa précieuse date annuelle, censée couvrir d’une clémente gloire le sexe faible – pour mettre les femmes sous les feux de la rampe ! Chaque édition témoigne de leur fière représentation locale dans nombre de domaines, tentant de désacraliser les notions de parité, d’égalité, de légitimité… pour les convertir en une seule : normalité. Toutefois, puisqu’il est de bon ton pour la gent féminine d’occuper l’espace et les esprits à cette période calendaire, ne nous refusons rien et partageons ce mois-ci un petit échantillon… d’artistes. Delphine Raimond
Elles cultivent et maîtrisent un art, un savoir-faire, une technique, avec créativité. Paule, Orlane, Carol, Nouchine, Cécile, Samila, Véronique et Ingrid nous racontent leur histoire, leur art… leur métier.
Les créatrices d’ambiance
Paule ou l’alchimie du design
Architecte DPLG (diplômée par le gouvernement) et architecte d’intérieur, Paule de Romeuf, qui vient d’ouvrir un cabinet au Portugal, ce pays qu’elle aime tant, est une artiste ! « Oui, j’ai le sentiment d’être créative, de prendre plaisir à inventer de nouvelles histoires pour chaque projet. D’aimer jouer avec les formes, les matières et les couleurs. » La maîtrise des aspects techniques de ses travaux ne doit en aucun cas en perturber l’esthétique ; c’est ce que sa formation d’architecte lui souffle avant tout. Professionnelle reconnue par ses pairs et clients, elle ne relève aucun inconfort à exercer son métier en tant que femme !
À son arrivée à Maurice il y a 28 ans, elle s’attèle très rapidement à l’agencement des salons de l’aéroport, ce qui la coiffe d’une expertise dans l’architecture intérieure, l’exploitation de ses volumes, la restauration de l’existant ; l’essentiel de ses missions aujourd’hui. « Restructurer les espaces, transformer les façades, s’adonner à l’architecture intérieure et finir par la décoration » la passionnent, lui permettent d’exprimer sa créativité dans sa globalité.
Je reviens avec elle sur l’une de ses fiertés, la récente rénovation du Veranda Grand Baie (un établissement de Rogers Hospitality), qui se trouve être également sa première réalisation hôtelière à Maurice, il y a 23 ans. « J’ai pris un immense plaisir à y travailler à nouveau, aux côtés de l’architecte Jean-Philippe Piat. Comme tout projet existant, c’est l’architecture du lieu qui inspire l’histoire que l’on va se raconter. Celle du Veranda Grand Baie est un véritable cadeau pour un architecte d’intérieur. C’est le Maurice d’antan que le design se doit de mettre en avant, la douceur de vivre, le jardin tropical, la vie en varangue… L’échelle de ses bâtiments inspire le calme et l’intimité, le sunset sur la baie de Grand Baie est un spot inoubliable que tous les clients doivent pouvoir partager, d’où la création d’un sunset bar. » Paule m’explique que le challenge de l’hôtel consistait en un choix différent, osé, dans les couleurs, et me confirme en souriant être « assez contente du résultat ». Si ses chantiers sont toujours source d’inspiration et de satisfaction, certains restent néanmoins plus difficiles. « Le travail des plans et scénographies du musée du Textile, de l’Aventure du Sucre, du Blue Penny Museum, sur lesquels je me suis penchée dans les années 2000 avec l’architecte d’intérieur Philippe Rambaud a nécessité une approche différente de celle des resorts ou des villas. » De son riche parcours professionnel, Paule retiendra ses années de collaboration sur des projets prestigieux avec Jean Nouvel, qui ont développé son esprit créatif et son plaisir de l’ouvrage collectif.
Orlane ou l’art du crochet
Si je vous dis physionomiste en boîte de nuit, chef de projet événementiel, contrôleur de gestion de péage… vous ne pouvez visiblement pas deviner que ce parcours professionnel est celui d’Orlane Lacaze, la joviale et dynamique fondatrice d’Isloom, société artisanale de décoration. Et pourtant, cela n’a rien d’étonnant : « La création, l’art, les expos… ont toujours fait partie de ma vie ! Élevée par une mère artiste et professeur d’arts plastiques, j’ai tout appris d’elle, de ses techniques transmises avec passion et curiosité », me précise-t-elle. À son arrivée à Maurice en 2010, Orlane veut exploiter à son compte les arts manuels créatifs, qui l’animent depuis toujours. Le matériel est difficile à trouver, mais elle s’accroche, fouille, écume les échoppes et confectionne à la demande des pièces pour ses proches. « Je découvre une passion pour les sangles en nylons et commence à faire des tapis, des poufs… Une amie passe et m’achète le tout pour mettre dans sa boutique ; une décoratrice d’intérieur les repère et m’en commande pour un hôtel en rénovation… C’est parti pour Isloom ! » Tout va très vite pour la créatrice qui n’a ni stock ni magasin. Rapidement connue pour être une forcenée du travail, elle est seule à la production et en maîtrise la qualité impeccable. « J’aime les fils, le textile, mixer des techniques. Je ne me refuse rien ! Même si je peux créer des choses très simples, j’aime le XXL ! » Fibres, nœuds, torsions, arabesques… composent les œuvres signées Isloom – ISL pour island, LOOM pour nœuds en anglais. De la récup’, du bon sens, de la curiosité… tout est possible ! « Je connais toutes les techniques (tricot, tissage…), mais c’est le crochet qui me chavire. Cet outil en XXL est magique ! J’ai créé un hashtag #noncennestpasdumacrame, parce que lorsque les gens voient du fil, ils disent macramé. Ce n’est pas grave, mais c’est faux ! » Ses compositions décorent les sols, murs, escaliers, luminaires… de belles adresses mauriciennes – récemment le Maradiva – et représentent souvent des projets hors norme, comme les structures en acier ou l’habillage des poteaux XL du lobby de la Pirogue. « Travailler avec ses bras et mains, huit à dix heures par jour est un challenge. » Qui elle est, d’où elle vient… n’ont aucune importance pour celle qui reste discrète et surprend toujours, lorsqu’elle débarque sur un chantier avec son échelle et sa perceuse. « Isloom, c’est mauricien, j’y tient beaucoup ! Je n’aurais peut-être pas été aussi créative si j’avais eu tous les matériaux à disposition comme en Europe. Ainsi, j’ai développé ma créativité et n’ai jamais pu être capricieuse ! C’est une grande chance ! »
Toutes en scène !
Les rôles de Carole
De la création de bijoux à celle de costumes et accessoires. De la chanson et comédie au métier de coach vocal, le fil conducteur du parcours de Carol Lamport est évidemment la créativité. L’artiste revient sur scène le 13 avril au Caudan Arts Centre (CAC), avec Show devant, aux côtés et à l’initiative de Cedric Nayna, lui-même en contrat jusqu’en 2025 à Hambourg, pour le rôle de Scar dans la comédie musicale Le Roi Lion. Au profit de l’ONG Vent d’un rêve, le spectacle est un tour de chant revisitant des classiques de Broadway et déroulant les succès du Roi Lion et de Starmania. Le répertoire de Carol brosse les variétés française et anglaise, coudoie la comédie musicale. « Pour moi, une chanson raconte toujours une histoire. » Si en concert, elle est dans sa zone de confort, elle s’est néanmoins essayée au théâtre, en suivant les cours de Marie-Ange Koenig au CAC. « L’utilisation de la voix y est très différente, cela m’a beaucoup surprise et challengée. Quant à la comédie musicale, elle est un juste milieu entre concert et théâtre, mais une tout autre discipline, unique en son genre. »
Un album de Noël sorti en 2015, un livre pour enfants coécrit avec son mari Pascal Lagesse, une série de concerts de Christmas Carols avec son amie chanteuse Diane Hardy et l’écriture du titre Nwel a l’ile Moris, offert au public en décembre 2022, sur YouTube. Le regard de la chanteuse sur le monde musical à Maurice est confiant : « Je trouve qu’aujourd’hui, ça va vite. La nouvelle génération est beaucoup plus ouverte vers le monde extérieur. Pour ma part, je n’ai jamais chanté hors frontière, même si ça n’est pas l’envie qui m’a manqué. Comme tout artiste, on a des rêves qui se réalisent et d’autres pas… ou pas encore ! » En l’interrogeant sur sa carrière solo, ses freins ou désillusions, Carol répond : « Qui dit solo dit seule, et ça n’est pas toujours facile. Où se produire ? À quel prix ? Comment attirer le public ? Bref, je dirais la même galère que tous les artistes ! Aujourd’hui, j’essaie de faire au mieux avec ce qui se présente à moi, même si parfois je bougonne. »
Elle a partagé la scène avec Linzy Bacbotte, Kenneth Babajie… mais celui qui aura définitivement marqué son parcours est Robert Duvergé, en 1994. La repérant lors d’une revue au Lions club, il lui permet d’auditionner auprès de Gerard Sullivan et de décrocher l’année suivante le rôle de Marie-Jeanne dans Starmania, étiquetant à la fois le tournant décisif de sa carrière et une révélation pour les comédies musicales ! Aujourd’hui coach vocal, Carol accompagne quiconque désirant améliorer son chant, mais pas que ! « Bien chanter va au-delà du simple geste technique. Travailler une voix implique de s’intéresser à la personne dans sa globalité, sur les plans physique, émotionnel et mental. Souvent mes élèves viennent vers moi avec une histoire, un passé, des croyances, qui influencent la façon dont ils chantent. Mon rôle est de mettre la lumière sur tous les aspects qui pourraient les aider de près ou de loin à améliorer leurs performances vocales, en leur proposant des explorations en pleine conscience. » Un regret, pour cette auteure-compositrice ? Celui de ne jouer d’aucun instrument. « Cela m’aurait donné plus d’autonomie… mais qui sait, il n’est zame tro tar, titre de l’une de mes chansons. »
Les arpèges de Nouchine
La Suisse Nouchine Shopfer est une pianiste internationale installée à Maurice depuis septembre 2022. Affable, gracieuse… heureuse, elle me reçoit chez elle, en toute simplicité. Le conservatoire en classe professionnelle, un diplôme d’enseignement, une virtuosité de musique de chambre à Genève, un diplôme de soliste à Bern… ont façonné la musicienne, formée, entre autres, par le grand Pascal Rogé. Plus qu’un coup de cœur, Maurice est pour elle une évidence : « C’était au fond de moi, je savais que je me retrouverais ici un jour ! » Lorsqu’en février 2022, son compagnon évoque ladite expatriation, elle est aux anges, mais loin de s’imaginer que tout ira aussi vite ! « Ma vie helvétique devenait compliquée, j’enseignais à 52 élèves au sein d’écoles internationales, pour assumer les charges d’une maison que j’avais conservée après mon divorce. Je n’avais plus de temps pour les concerts, j’étais fatiguée, frustrée… » À son arrivée sur l’île, que Nouchine a déjà foulée nombre de fois, elle est en burn-out, aspire au repos et au simple plaisir de jouer, d’en retrouver les sensations pures. Dix-huit mois plus tard, elle se sent où elle doit être : « Je vis ma vie rêvée, c’est au-delà de mes espérances, je n’en reviens toujours pas ! », me livre-t-elle, rayonnante.
Tandis qu’elle souhaite prendre le temps de vivre, tout s’enchaîne, presque malgré elle. Bouche à oreille, réseau de proches et amis… tous veulent la voir jouer, la sponsoriser… En ranimant son premier concert au Yacht Club de Grand Baie, elle revit le cauchemar du transport de son piano sur site et me révèle qu’elle n’a plus jamais déplacé ses instruments ! Sur scène, ses récitals aux côtés de son compagnon Daniel, comédien professionnel, sont un succès ! Lui souffle au public ses textes travaillés sur la vie d’un compositeur ; elle y mêle ses interventions musicales. Si son répertoire est vaste, le contemporain ne lui plaît pas. Nouchine aime le classique, le baroque, le tango… Explorer, défier… démocratiser l’accès à la musique classique auprès du public mauricien, soutenue par la ferveur de collaborateurs tels qu’Ashish Beesoondial, le directeur du CAC. « Je dis toujours aux néophytes, venez écouter, découvrir, même si vous n’y connaissez rien ! » Très sollicitée, elle enseigne aujourd’hui chez elle, aux ados, tout-petits, adultes, débutants… animée par cette volonté de transmettre… si (et seulement si) elle décèle l’étincelle et la sérieuse envie de travailler. « Je ne suis pas sévère, mais exigeante ! Si je n’ai rien en face et dois animer le cours toute seule, ça ne va pas ! »
Mais le véritable défi local reste l’instrument ! Car maintenir son piano en bon état, face aux conditions climatiques préjudiciables, tout comme trouver sur scène un bon instrument et une acoustique adaptée, sont une gageure. À l’instar de beaucoup de confrères, son regard sur le milieu artistique local est optimiste. « Il y a dix ans, l’audience pour la musique classique était inexistante, aujourd’hui ça bouge, des collaborations se créent, les gens s’intéressent ! »
Le parcours et la maturité de Nouchine lui confèrent toute légitimité. « Parce que je suis une pianiste avant d’être un professeur, me confie-t-elle sérieusement. Je transmets des clés que j’aurais moi-même aimé recevoir bien plus tôt, au conservatoire ! » Au fil de l’interview, je découvre ses projets, son agenda chargé… et m’interroge sur le temps libre de la musicienne, également instructrice de plongée et ancienne monitrice de ski en Suisse. « À la base, je suis venue pour profiter et travailler moins. Pour le moment, c’est le contraire, me dit-elle en riant. Je n’ai pas encore eu le temps de mettre la tête sous l’eau ! Mais bizarrement… je n’ai jamais eu autant envie de jouer que depuis que je suis là ! » Après deux récentes représentations au CAC et au Quartier des Serres (une fabuleuse immersion dans l’univers d’Astor Piazzola et son nuevo tango !), aux côtés de ses amis Vladislava Kisselova (violoncelliste) et Fernando Cleves (violoniste), venus de Suisse pour l’occasion, Nouchine s’apprête à faire une pause… avant de préparer trois gros concerts en Suisse, dès septembre !
Les mouvements de Cécile
Le Creative Park de Beau Plan, lieu d’expositions, d’animations et d’événements culturels, réunit pléthore de talents artistiques. Parmi eux, Gaëlle Gonzales, que nous vous présentions en juillet 2022 dans son studio d’impression, ou encore sa sœur Cécile Gonzales, qui dirige depuis 2017 l’école de danse Le Studio. « Arrivés en 2011, nous avons pu assister au développement de la Smart City, année après année, un écosystème propice à la création et à l’enseignement. » Une équipe de 5 professeurs et danseurs professionnels se vouent aux 130 élèves, de tous âges et tous niveaux, des classes de danse contemporaine, jazz, moderne, barre au sol, capoeira-fitness, etc. « Le Studio se veut un lieu de partages et d’échanges, une école de vie où tout le monde peut s’épanouir, en acquérant de profondes valeurs. »
Lorsque la Franco-Mauricienne (née au Cameroun en 1981) rentre au pays en 2008, pour fonder la compagnie Omada, elle est gratifiée d’un parcours académique et professionnel déjà riche. Le conservatoire régional de Metz à 13 ans. Une médaille d’or en danse contemporaine à 18 ans. Un diplôme d’état, des formations auprès de grands chorégraphes, des perfectionnements aux techniques d’écriture variées à New York, Paris, Tokyo…
Multicasquette, la directrice est danseuse, professeure, comptable, productrice… mais fait preuve d’humilité quant à son travail de chorégraphe. « La chorégraphie est un art, un travail à plein temps, une recherche, une analyse constante du monde qui nous entoure, c’est un peu comme œuvrer dans un laboratoire, il faut y consacrer la plupart de son temps. » Cécile, son truc, c’est la danse contemporaine ! Elle se souvient de son arrivée à Maurice et du challenge qui l’attendait ; elle en rit encore : « Ça n’a pas été facile de faire découvrir ici la discipline. Les gens s’en font souvent une idée assez abstraite. Cet aspect existe bien sûr, mais il n’y a pas que ça ! La danse contemporaine est une pensée, qui nécessite une solide technique. » Depuis quinze ans que Cécile enseigne, ses élèves sont sa plus grande récompense. « Je transmets mes outils et j’assiste avec beaucoup de joie à de réelles progressions techniques, mais aussi à un apprentissage du respect, de l’humilité et des valeurs. Quand je vois certaines de nos élèves continuer dans le domaine de la danse après leur BAC, je prends conscience du travail que nous effectuons au quotidien. » J’apprends qu’une élève est au conservatoire de Lyon, une autre à la Martha Graham School à New York, ou encore au Centre Chorégraphique James Carlès à Toulouse !
Chaque année, sur la scène du CAC, les élèves offrent un spectacle aux costumes et scénographies incroyables – signés depuis treize ans des partenaires Florence Draschler, Emizibo et SAO Maker. Puis, tous les deux ans, un projet artistique de ballet du répertoire est réadapté en contemporain et jazz. En 2022, il s’agissait de Cendrillon, cette année, ce sera La Bayadère, les 14, 15 et 16 juin. Sans compter la participation du Studio au concours (biennal) régional de danse à La Réunion, qui propulse les meilleurs sur les planches du concours national en France. « L’événement permet aussi à l’équipe de faire un état des lieux, pour réajuster ses méthodes d’enseignement. »
Du luxe à la pâtisserie
Ma Signature Gourmande est le bébé de Samila Vallimamode, cette autodidacte pour qui la pâtisserie est un « hobby, devenu passion, transformé au fil du temps en métier ». Diplômée en esthétique et forte de trente années dans la parfumerie de luxe, Samila s’est initiée à la discipline sur les blogs culinaires, avant d’intégrer une formation de 2 mois en France, à l’École Ducasse. Elle prend très au sérieux son activité de cœur : « Je suis une perfectionniste ayant le sens du détail, toujours soucieuse de faire plaisir à mes clients. » Dans son laboratoire flambant neuf de Pointe aux Canonniers (à l’étage de Théo Fourneaux, sur la Costal road), elle réalise sur commande tous vos désirs chocolatés, croquants, gourmands, moelleux, crémeux… et se met régulièrement au défi, dans la confection de nouvelles recettes. Lorsque je la rejoins pour découvrir son atelier – spacieux, tempéré, équipé de tout le matériel professionnel –, se répand dans la pièce un doux parfum de tarte au citron meringuée. Mais alors, Samila, pourquoi ne pas avoir ouvert une pâtisserie ? « C’est un choix réfléchi, afin de tester d’abord mes créations auprès de mes clients, tout en évitant le gâchis de la grosse production et, bien entendu, avec un investissement modéré. Certes, cela me coupe du contact client, mais le but est également de toucher les professionnels de la restauration, pour la partie desserts. » Son objectif à court terme est de développer ce créneau, ainsi qu’un service traiteur sucré, dans le cadre d’évènements festifs ou institutionnels. Comme pour Nouchine et ses instruments, le climat mauricien est un challenge de taille pour la chef pâtissière. « La gestion de la chaleur, les différences de température, malgré la présence de la climatisation, sont des défis du quotidien ! » En atteste la délicate réalisation d’une pavlova, croustillante à l’extérieur, moelleuse à l’intérieur, et de sa meringue. La plus grande fierté de Samila ? Le bouche à oreille déjà bien actif, la fidélité et la satisfaction de ses clients, sources de motivation ! Quant à sa pâtisserie préférée : les macarons, sans aucun doute !
Les sœurs Pastor
Matières et savoir-faire
Depuis janvier 2007, l’entreprise V&I – fondée par Véronique Pastor, avec l’aide précieuse de feu sa maman – propose un service clés en mains de décoration textile (sofas, coussins, têtes de lit, rideaux, etc.) et de garnissage : accompagnement du client dans son choix, commande du tissu, réalisation et installation du produit fini. Son partenariat de longue date avec Véronique Coombes, directrice de Trade Secrets, garantit un panel exclusif de papiers peints, tissus, étoffes, galons, tressages et autres fibres organiques provenant des plus belles enseignes internationales !
En 2009, Ingrid, la sœur de Véronique, quitte Madagascar pour rejoindre l’entreprise et relever, en famille, tous les défis. « Nous avons deux caractères diamétralement opposés, me révèle Véronique, mais même si nous nous disputons parfois, nous déjeunons ensemble cinq minutes après ! Je dois dire que nous avons beaucoup de chance d’être toutes les deux et d’avoir autant de complicité personnelle et professionnelle. Pas un pas sans Bata, comme disent nos proches ! »
Lorsque je demande à Véronique si sa sœur et elle se sentent artistes, elle rit. « Ni Ingrid ni moi ne le sommes, d’où notre immense plaisir à collaborer avec les différents responsables de projets, architectes et décorateurs. Ils ont des idées ingénieuses, des rêves parfois, et nous, nous devons les réaliser ! Nous aimons les gens et avons cette faculté d’adaptation aux besoins du designer d’intérieur et du client, en respectant les délais et les budgets. D’ailleurs, je remercie tous nos fidèles collaborateurs, pour leur confiance depuis des années. »
En réponse aux difficultés du métier, Véronique pénètre un registre plus personnel. Je comprends alors à quel point l’histoire de V&I est aussi celle d’une famille – d’une équipe – unie, face aux aléas de la vie. « Deux années ont été marquantes, à dix ans d’intervalle. D’abord 2013, l’année du départ de notre maman des suites d’un cancer, parce qu’elle a été à nos côtés chez V&I jusqu’au bout, ne laissant jamais paraître sa douleur physique ! Puis 2023, lorsque le vendredi 18 août, notre père – et pilier – nous a quittées et que le lundi 21 au matin, nous étions au bureau, afin d’assumer nos responsabilités. » Elle évoque alors l’ouverture du Lux Belle Mare, la rénovation du Zilwa Attitude… en me précisant « qu’il fallait garder la tête haute et continuer à faire tourner la machine ». Véronique est fière de tous les projets accomplis et admet bien volontiers qu’aucun défi n’aurait jamais pu être relevé sans son équipe : « La plupart sont à nos côtés depuis l’ouverture et je leur dis un grand merci ! » V&I est l’un des fidèles fournisseurs de The Hive marketplace.