La définition d’un jardin idéal est forcément multiple car les goûts et les attentes en la matière peuvent entrer en contradiction. Mais l’ériger comme lieu de vie en tant qu’extension naturelle de la maison, le concevoir comme un espace de plaisirs et le créer de façon évolutive apparaissent comme les fondements du jardin contemporain.
Entre le jardin – très formel – à la française caractérisé par des lignes régulières et géométriques conçu par le Français André le Nôtre,
Le jardin, entre reflet de la vie moderne et effets de mode
Ces nouvelles tendances se traduisent selon lui par l’émergence de jardins de plus en plus écologiques qui intègrent le principe de recyclage, de l’eau et des déchets végétaux, les éclairages économiques par énergie solaire ou Leds, l’apparition – néanmoins encore timide – de toitures végétalisées comme celle de la résidence Nautica de Rivière Noire, l’usage de murs végétalisés, suscitant de plus en plus l’engouement des particuliers et la multiplication des objets connectés associés au jardin. « Les tendances sont selon moi à la fois des résultantes de la vie moderne, mais aussi des effets de mode », poursuit Philippe Bouchereau. On le veut bien évidemment beau, pour le plaisir des yeux. Mais le jardin se fait aussi de plus en plus intelligent. Pour ce faire, il doit être en accord avec son temps, avec le monde dans lequel on vit et cela peu importe où l’on se trouve. « Je dirais que le jardin, c’est aussi un contexte et il faut d’abord comprendre le lieu avant de le transformer. Multifonctionnel, il se doit être à la fois lieu de vie, espace ludique permettant la découverte d’odeurs, de couleurs, de sons, etc… et relaxant », poursuit le professionnel. Rémi Sauzier le directeur général de la pépinière Exotica à Petit Raffray évoque quand à lui la dimension évolutive du jardin intelligent. « Un jardin idéal doit être celui qui évolue, alors que la tendance actuelle porte sur le désir d’obtenir des résultats immédiats », regrette t-il.
Un jardin boisé et ombragé mettra plus de temps à prospérer qu’un jardin fleuri, comme un jardin à l’anglaise sera plus long à travailler qu’un jardin à la française. Un beau jardin selon celui qui gère la pépinière la plus étoffée dans la catégorie plantes décoratives et ornementales, est une peinture vivante que se doit être colorée, contrairement à ce qui se fait désormais dans les jardins de la majorité des hôtels, des paysages neutres, dépourvus de couleurs « et je suis assez déçu de constater cela », reconnaît-il.
Exotica s’est à ce jour taillée la réputation de proposer un millier de variétés de plantes reproduites en petite quantité, soit une centaine environ pour chaque espèce
Prendre le temps de faire connaissance avec son terrain
Si l’on veut insérer des digressions gourmandes dans son jardin en plantant des arbres fruitiers, Les Vergers de Labourdonnais seront le meilleur conseil de la place, alors qu’Endémika est le fournisseur par excellence des espèces endémiques et indigènes. Conseillant de prendre le temps de faire connaissance avec son terrain, de se servir de son dénivelé, d’adapter les espèces au climat, soit hortensias, orchidées, brocéliandes en altitude, bougainvilliers et frangipaniers dans les régions à climat sec, Rémi Sauzier souhaite voir abolies toutes les aberrations rencontrées dans son métier. « Nous en revenons aux personnes pressées d’avoir un jardin fini et posant du gazon en plaques, une technique exigeant une préparation minutieuse du terrain et le gazon finit souvent par mourir car elle n’a pas été bien observée », regrette t-il. Les autres erreurs faites communément ici consistent à ne jamais tailler les plantes « par peur de leur faire du mal peut-être…? », à ne pas suffisamment prendre en compte le rapport entre les variétés, l’ombre et la luminosité, ainsi qu’à trop rapprocher les plants, quelque chose d’ingérable sur la durée. « Car hormis les racines des palmiers poussant dans le sens de la profondeur, celles des autres arbres s’étalent et en grandissant, ils finissent par se gêner les uns les autres », explique le gérant d’Exotica.
A la mauvaise presse associée aux espèces exotiques vues comme des pestes végétales, il conseille de ne pas tout mélanger. « Il faut faire le distinguo entre espèces invasives et espèces non invasives », ce en quoi il est volontiers rejoint par Philippe Bouchereau qui réserve un avis tout à fait modéré sur cette question qui peut diviser les spécialistes. Difficile en effet d’imaginer le paysage mauricien exempt d’hibiscus, d’arbres du voyageur ou de bougainvilliers.
Pentas, succulentes et broméliacées
Si les Mauriciens sont assez friands de buissons fleuris, d’espèces saisonnières – qui refleurissent chaque année sans voir besoin de replanter -, et d’épices pour le côté pratique, ils sont en train de découvrir depuis peu les pentas, petites plantes arbusives avec des inflorescences terminales faites de petites fleurs étoilées, roses, rouges vif ou blanches, des succulentes utilisées pour les jardins semi-désertiques ou secs – nécessitant peu d’entretien mais exigeant une préparation particulière du terrain-, les broméliacées caractérisées par des feuillages, souvent brillants, mais surtout par leurs inflorescences aux couleurs vives, « une espèce que j’aime particulièrement travailler», reconnaît Rémi Sauzier.