Les représentants du Syndicat français des Energies renouvelables (SER) ont effectué un assez long séjour à Maurice. Objectif de cette visite: faire connaître les offres françaises et créer d’éventuels partenariats avec les entreprises locales. Les visiteurs ont également participé à un important atelier de travail organisé par Business Mauritius.
Le 13 novembre dernier, c’est Son Excellence, M. Emmanuel Cohet, ambassadeur de France, qui avait inauguré cette démarche, en conviant, à sa résidence de Floréal, une bonne part du milieu des affaires local. Il put, ainsi présenter Cyril Carabot, Secrétaire général du SER, et ses principaux collaborateurs, à un grand nombre de décideurs économiques. L’occasion était alors fournie aux spécialistes français de présenter le SER. Ce regroupement professionnel représente, en France, tout le secteur des énergies renouvelables, en intégrant des bureaux d’études, des industriels, des installateurs et des associations. Il s’agit donc, dans l’hexagone, d’un intervenant majeur de ce que l’on appelle la transition énergétique.
A ce titre, les représentants du SER ont participé à un atelier de travail avec les équipes de Business Mauritius (organisme ayant pris la succession de la Mauritius Empoyer’s Federation et du Joint Economic Council, et regroupant plus de 1200 compagnies locales).
Ces travaux ont, notamment, permis de faire le point sur la situation mauricienne, en matière de production d’énergie électrique. Celle-ci, devait reconnaître, Raj Makoond, le président de Business Mauritius, est encore majoritairement liée à la consommation de combustible fossiles (charbon et huile lourde) qui, tout en polluant l’environnement, alourdissent la dépendance énergétique et commerciale nationale. Pour autant, cette production d’électricité a été en partie diversifiée au cours des dernières années, puisque 20% de la production actuelle provient d’autres ressources (biomasse, éolien, solaire…). Une proportion qui devrait atteindre 35% en 2025…
Créer un « Ècosystème » favorable
Les discussions techniques qui se sont déroulées au cours de ce long atelier ont abordé tous les aspects de la transition énergétique et permis de présenter les réalisations locales et les projets en cours de concrétisation. Si les parti-
cipants ont salué ces initiatives, ils ont aussi pris note des nouvelles possibilités de financement. L’Agence Française de Développement (AFD), représentée par son directeur pour Maurice et les Seychelles, Matthieu Discour, a ainsi pu mieux faire connaître sa ligne de crédit spécifique, SUNREF, mise en place en collaboration avec l’Union Européenne et s’appuyant localement sur deux institutions bancaires, la MCB et la SBM.
En guise de conclusion à ces travaux, un consensus semble s’être dégagé sur la nécessité de mettre en place un cadre général, un «écosystème», favorable à l’accélération de la transition énergétique et compatible avec l’activité économique des entreprises locales. C’est, pour une grande part, l’objectif du programme « Nou lenerzi », développé par Business Mauritius.
Qu’est-ce qu’on attend ?
Il est toujours surprenant de constater que, dans un pays bénéficiant, au bas mot, de 300 jours d’ensoleillement annuel, les panneaux photovoltaïques restent exceptionnels; que sur une île aux nappes phréatiques épuisées et aux ressources hydriques limitées, les stations de désalinisation de l’eau de mer appartiennent toujours au domaine de la science-fiction et que, sur une terre sur laquelle soufflent les alizés, les éoliennes restent si peu nombreuses. Pourtant, depuis près de vingt ans, tous nos responsables gouvernementaux affirment, sans relâche, leur volonté d’inscrire notre île dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler, l’économie verte…. On en est encore pourtant très loin.
Bien sûr, et c’est une initiative louable, des concessionnaires automobiles ont pris le risque d’importer des véhicules électriques, qu’il suffit de recharger sur le réseau national, dont la production est majoritairement due au charbon et à l’huile lourde… La production électrique grâce à la combustion de la mélasse et d’autres résidus canniers est aussi un progrès. Ce serait encore plus efficace si cette culture n’était pas contrainte d’alimenter ses camions avec un diésel particulièrement sale, et si riche en souffre qu’il est interdit dans de nombreux pays…
Le réel succès des chauffe-eaux solaires montre cependant, de façon claire, qu’un régime d’incitations peut rapidement contribuer au changement des comportements. De même, la rapidité avec laquelle les infrastructures nécessaires pour faire entrer le pays dans l’ère du numérique ont pu être installées, illustre parfaitement le fait qu’il est relativement aisé de transformer un Etat aux dimensions modestes. L’inertie dont fait preuve l’ensemble de la société mauricienne à l’égard de la transition énergétique n’en n’est que plus étonnante…
Le paradoxe chinois
Première économie mondiale, la République Populaire de Chine est également considérée comme le premier ou second pollueur de la planète (selon les modèles de calcul utilisés, cette place revient soit à la Chine, soit aux Etats Unis d’Amérique). Pourtant, en à peine plus d’une décennie, la Chine est parvenue à se hisser à la première place pour la production de panneaux photovoltaïques, détrônant puis distançant largement l’Allemagne, qui fut, pendant longtemps, le champion planétaire de cette activité.
Si la capacité de l’industrie chinoise à s’approprier des processus qu’elle n’a pas mis au point a largement favorisé cet essor, les experts considèrent surtout que l’industrie du solaire bénéficie, en Chine, d’un avantage paradoxal: la faiblesse des normes environnementales! En effet, la production de panneaux voltaïques mettant en œuvre des matériaux et des procédés potentiellement dangereux pour l’environnement, leur fabrication dans le respect de normes anti-pollution strictes (comme c’est le cas en Allemagne) s’avère particulièrement coûteuse…. Ce serait donc parce que l’industrie chinoise évolue dans un système ne comportant que de très faibles contraintes environnementales qu’elle peut proposer des panneaux solaires abordables. En d’autres termes, c’est parce qu’elle pollue que la Chine est devenue le N°1 des énergies vertes…