Le soleil qui permet au corps de produire la vitamine D dont il a besoin est aussi le grand ennemi des peaux claires, plus fragiles que la moyenne et non armées pour s’en protéger naturellement. Le Dr Dilshad Paurobally, dermatologue rappelle les règles de prévention à observer, surtout lorsqu’on vit à l’extérieur tout au long de l’année.
La Gazette: En considérant le milieu insulaire tropical, est-ce que tous les types de peau sont concernées au même degré par la nécessité de se protéger du soleil et doit-on en faire davantage ici par rapport à l’Europe ?
Dr Dilshad Paurobally: Les peaux les plus touchées sont à phototype 1 – une rousse ou blonde à tâches de rousseur – et à phototype 2- une brune à peau blanche. Voyez plutôt: dans l’hémisphère nord, on estime que 11% à 25% des adultes – de plus de 40 ans – présentent au moins une lésion de kératose actinique qui est une lésion pré-cancéreuse, contre 40% à 50% des adultes vivant en Australie. Une minorité de Mauriciens à peau claire et une grande majorité de touristes et d’expatriés européens sont les groupes les plus à risque sous le soleil mauricien. Première conséquence d’un excès de soleil ou d’une protection inexistante sont l’apparition préma
turée de rides, de tâches brunes, d’une peau fragilisée. Pour se prémunir de cela, nous n’avons pas trouvé mieux que la crème solaire indice 50, à appliquer toutes les 2 à 3 heures sur le visage certes, mais aussi sur le dos des mains, le décolleté, des zones fragiles car exposées. Cela ne vaut pas uniquement pour la plage, car sous le soleil toute l’année, la crème solaire doit devenir un réflexe quotidien, avant de partir travailler et même à la maison, car on sort souvent dans son jardin.
LG: Et lorsque le mal est fait, quels sont les traitements appropriés pour réparer les dégâts s’ils sont « réparables » ?
Dr DP: Les produits à base de rétinol et de vitamine C ont montré leur efficacité pour réduire les ridules et les tâches brunes, à appliquer quotidiennement le soir. Si la vitamine C ne provoque pas d’intolérance, les peaux sensibles ne supporteront peut-être pas une application quotidienne de rétinol. Il faudra dans ce cas espacer les applications. Mieux vaut s’en tenir aux règles de protection avant d’en arriver à cette situation, le vieillissement de la peau n’étant que la première conséquence d’une exposition abusive, qui peut aussi aboutir sur le développement d’un cancer.
LG: Vous parliez plus avant de lésion pré-cancéreuse… En combien de catégories placez-vous les cancers de la peau et on guérit-on ?
Dr DP: La kératose actinique, une lésion pré-cancéreuse est le cas le plus fréquemment rencontré. Elle se présente comme une tâche rose pâle, rugueuse qui se traite par une crème ou cryothérapie. Second type de cancer est le carcinome basocellulaire, un nodule qui se présente sur les zones exposées comme la tête, les bras, le cou et traité par acte chirurgical, au cabinet sous anesthésie locale ou à l’hôpital si elle doit être générale. Le carcinome spinocellulaire, troisième type de cancer est une kératose actinique qui s’est transformée au fil des ans car non traitée ou difficile à guérir. Et le quatrième type de cancer, le plus redoutable est le mélanome, le grain de beauté qui dégénère. Et souvent
malheureusement, la personne vient consulter tardivement parce que son grain de beauté gratte, saigne, semble bizarre.
LG: Parlez-nous de la façon dont la prévention doit-être observée dans la vie de tous les jours ?
Dr DP: Tout comme se rendre chez son dentiste, son ophtalmologue, ou tout autre spécialiste, faire surveiller sa peau par un dermatologue devrait être un automatisme. Outre le bilan annuel, appliquer de la crème solaire tous les jours, ne pas faire carpette sur la plage entre 11h00 et 16h00, protéger les jeunes enfants avec une combinaison, surtout pas un tee-shirt blanc qui une fois mouillé ne protège pas des rayons, constituent les basiques à faire ou à ne pas faire. Par ailleurs, il existe des terrains plus propices au développement d’un cancer comme une peau à grains de beauté demandant à être scrutée avec la plus grande attention après l’adolescence et celles ayant été sujettes aux coups de soleil avant l’âge de 10 ans. Le bilan annuel pour celles-ci en particulier est d’autant plus essentiel.
Dilshad Paurobally
Médecin spécialiste en dermatologie-vénérologie.
Diplômée de l’Université de Liège, Belgique, ex consultante du Centre Hospitalier Universitaire Brugmann, Bruxelles et Centre Médical Louise- Bruxelles
Route Royale, Curepipe Road – Tél cabinet: 6763560 – Tél : 58563938
Des conférences à l’Ecole Mauricienne de Bien Être (EMBE)
A l’initiative de l’EMBE, deux conférences gratuites dont « Intolérance au gluten et allergies » par Cheryl Orian, nutritionniste le mercredi 27 Septembre de 18h00 à 19h30 et « La spagyrie* et le diabète » par le Dr James Naidus le 1er septembre aux mêmes horaires sont ouvertes au public. Réservation nécessaire au 52 59 53 07 ou contact@embe-formation.com Ecole Mauricienne du Bien-Etre, 11 rue Maurice Martin à Forest Side
* Une approche thérapeutique à base de plantes encore peu connue