Entre le charme de son ancien quartier colonial et la vitalité de sa cité indienne, l’ancienne possession française sur le golfe du Bengale est devenue une étape incontournable dans la découverte de l’Inde du Sud. – Olivier Soufflet
On ne se lasse pas de se balader dans Pondichéry, de s’attarder dans ses rues et ses ruelles, de goûter son charme un peu suranné. Et il semble naturel, à la nuit tombée, de participer au rituel de la longue promenade du bord de mer. Il y a de l’harmonie dans l’air à Pondichéry, et cela se ressent.
Le territoire de Pondichéry, à l’intérieur de l’Etat du Tamil Nadu, compte au total 800 000 habitants. La ville elle-même, 200 000. C’est au sein de cette agglomération que se niche le périmètre de la cité fondée par les Français à la fin du XVIIème siècle. Elle se compose de deux parties séparées par un mince canal. La « Ville Blanche », le vieux Pondichéry d’origine française, s’étend sur un tiers de la surface, face à la mer. La « Ville Noire », le quartier indien, occupe les deux tiers restants.
Les demeures aristocratiques ont conservé leur noblesse
Des deux anciennes expressions du temps colonial, celle de « Ville Blanche » a conservé sa pertinence. Avec l’ocre, le blanc est clairement la marque du quartier français. On déambule dans des rues plantées d’arbres, piétonnes de fait, car le plus souvent désertes. De hauts murs forment des façades continues percées de portails de bois qui, entrouverts, laissent apercevoir des jardins, des cours fleuries, des vérandas. Les anciennes demeures aristocratiques ont conservé leur noblesse. Elles abritent aujourd’hui des institutions ou des hôtels de charme: l’Alliance française sur le front de mer, l’Institut français de Pondichéry, le lycée français, l’Ecole française d’extrême-orient, l’Hôtel de l’Orient, l’Hôtel Dupleix… Sans oublier l’église Notre Dame des Anges ou le magnifique Palais du gouvernement de Pondichéry et le musée de Pondichéry.
Autre cœur du quartier français, le parc Barathi a la forme d’un grand square parisien. Il occupe l’emplacement du premier fort de la cité. Les Pondichériens y prennent du repos à toute heure du jour. Au centre, un monument datant de Napoléon III abrite une fontaine célébrant la mémoire de Aayi, une intouchable dont le gouverneur Dupleix, un jour qu’il était assoiffé, avait accepté l’eau sous le regard médusé de ses soldats indiens.
Le double charme de l’Inde et de la France
Au temps de la Compagnie des Indes orientales, le commerce des tissus fit la prospérité et le prestige de la cité. La guerre de Sept ans y met un terme en 1761. Tombée entre les mains anglaises, la ville est rasée. Reconstruite, elle reste isolée dans la colonie britannique et rien ne marquera son histoire jusqu’à son retour à l’Inde en 1956.
Son empreinte indienne fait aussi le charme de Pondichéry. Le quartier indien est un maillage d’avenues commerçantes et de petites ruelles résidentielles. On y croise des vaches sacrées. Les maisons traditionnelles tamoules se reconnaissent à leurs façades. Des temples, des églises, une mosquée s’insèrent harmonieusement dans la cité. La librairie française des éditions Kailash est un autre arrêt à ne pas manquer.
Le cœur de la vie bouillonnante du quartier indien palpite au vaste marché Goubert où l’on s’enfonce comme dans un sous-sol. Le soir ramène la population vers le grand front de mer, l’avenue Goubert, qui fait la fierté de la cité. Une petite foule y profite d’un air adouci en écoutant des concerts, tandis que la statue de Gandhi sert de terrain de jeu aux enfants.
Auroville
A quelques kilomètres de Pondichéry, Auroville est une communauté mystique fondée par la compagne du philosophe Sri Aurobindo, Mirra Alfassa, en 1968. Elle abrite quelque 2 000 habitants provenant de 35 pays. Auroville ne se visite pas. Le Matrimandir, le “ Temple de la Mère ”, sphère recouverte de panneaux dorés, n’est visible que des jardins extérieurs.
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