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Poudre d’Or, témoin du naufrage du Saint-Géran

Au nord-est de l’île Maurice se trouve le petit village de Poudre D’Or. Riche en événements historiques, nous vous emmenons aujourd’hui à la découverte d’un monument témoignant du tragique mais célèbre naufrage du Saint-Géran. – Ali J

L’imposante cloche en bronze du St-Géran est exposée au musée historique et naval de Mahébourg.

Au sein d’un village tranquille et paisible se nommant Poudre d’Or, dont l’origine du nom reste encore un mystère, se trouve un patrimoine riche d’histoires et de récits du passé. On pense que le nom de Poudre d’Or existe depuis les années 1750. Il y a une croyance commune selon laquelle le nom fut donné par Bernardin de Saint Pierre, en raison de ses magnifiques plages de sable, bien que la réalité en soit éloignée. Si ce n’est pas pour ses plages que le village est connu, c’est cependant pour ses architectures et son patrimoine, comme l’église Marie Reine, fondée en 1846, un édifice populaire dans la région. De plus, son hôpital, construit dans les années 1880, fut reconnu pour le traitement des pandémies dans le passé. La mosquée de la localité est quant à elle l’une des plus anciennes de l’île Maurice, fondée dans les années 1870. Poudre D’Or possédait également un moulin à sucre, construit à la fin des années 1810 et appartenant à Hubert Martin. Il a cessé son activité en 1877. Au sein de ce petit village historique, se trouve également le monument commémorant le naufrage du Saint-Géran.

Une tragédie qui a marqué l’histoire

Le naufrage du Saint-Géran est une tragédie marquante. Aujourd’hui encore, il reste marqué dans l’histoire de Maurice. Le 20 août 1944, la Société de L’Histoire érige un mémorial, connu sous le nom de monument Paul & Virginie. Il est composé de pierres et se dresse dans un petit parc en bord de mer, juste après l’église anglicane de Saint-Marc, et offre une magnifique vue sur l’île d’Ambre.

Une maquette en bois du
navire – Sur le site dodomarket.mu

Le Saint-Géran, un navire en bois, construit en 1736, armé de 28 canons, appartenait à La Compagnie Française des Indes Orientales. A son bord, le capitaine Richard De La Marre, et plus de 200 passagers. La nuit du 17 au 18 août 1744 a marqué notre histoire. Le navire, qui en plus des passagers à son bord, transportait des marchandises ainsi que des pièces destinées à la sucrerie de Villebague, venait d’arriver près des côtes mauriciennes, après de longs mois de traversée. Le capitaine et son équipage aperçurent l’île Ronde, au nord de Maurice. Comme il y avait des malades parmi les passagers, l’équipage avait décidé de mouiller à l’abri de Baie du Tombeau pour passer la nuit. Cependant, une mésentente a poussé l’équipage à continuer leur route. Le récif se rapprochait dangereusement, rendant les manœuvres plus difficiles. C’est alors que la quille a été touchée, annonçant le début du drame qui s’est produit près de l’île d’Ambre.

Certains des passagers et des membres de l’équipage ont sauté à l’eau mais peu d’entre eux ont survécu.

Environ neuf membres de l’équipage se sont sauvés avec succès en atteignant l’île d’Ambre. Le capitaine aussi a été sauvé ! Ainsi, c’est bien l’erreur humaine qui est la cause de ce naufrage et non une tempête, comme suggéré dans la version de Bernardin de Saint-Pierre dans son roman Paul et Virginie.

Paul & Virginie

Le naufrage du Saint-Géran est en effet évoqué dans le best-seller Paul et Virginie, un roman publié en 1788, par Bernardin de Saint-Pierre. Certaines sources ont révélé que l’auteur s’était inspiré des récits des survivants. Paul et Virginie raconte l’histoire de deux amis d’enfance qui partagent une relation profonde. Virginie est partie en Europe et se retrouve alors séparée de Paul. A bord du navire du Saint-Géran pour revenir sur ses terres, elle s’est malheureusement noyée durant cette nuit tragique près de l’Ile d’Ambre. Ce roman, purement fictif, a été vendu à plus de 25 millions exemplaires dans le monde. En raison de ses ventes massives et de sa popularité, la tragédie du Saint-Géran est devenue célèbre dans le monde entier.

Une mer dangereuse…

La mer de Poudre D’Or est réputée pour être dangereuse. Le Saint-Géran n’est pas le seul navire à y avoir coulé. L’an dernier, un remorqueur, Sir Gaëtan, a rencontré de grosses difficultés et a coulé dans la région. Plusieurs cas de naufrages se sont également produits dans le passé. Saint-Géran sera toujours pour nous un événement historique important. La zone où il a coulé est devenue un site de plongée populaire. Seules quelques pièces du navire ont été récupérées par les archéologues, dont sa cloche, qui est exposée au musée de Mahébourg.

Un article proposé par Ali J, fondateur du site letsdiscovermauritius.com

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