« Maurice a mis en place un système assez robuste et obtient la note de 3,5 sur un maximum de 4,9. L’exercice de simulation est une réussite. » Raj Mohabeer de la Commission de l’océan Indien (COI) résume ainsi les conclusions du comité d’évaluation indépendant qui a suivi l’exercice de simulation de pollution marine qui s’est tenu fin septembre au large de Rivière Noire.
Dominique Bellier
Cette simulation et l’activation du plan national de contingence prévu pour l’endiguer ont mobilisé 400 agents répartis dans les nombreux services nationaux, régionaux et internationaux appelés à intervenir dans ces cas de figure. Tout ceci a nécessité plusieurs mois de préparation dans le cadre du programme de sécurité maritime MASE, mis en œuvre par la COI sur financement de l’Union européenne et sous l’égide de la Convention de Nairobi.
Le dernier exercice de terrain comparable a eu lieu à Madagascar en 2019. Mais entre-temps, l’échouage du Wakashio et la marée noire qui s’est ensuivie ont été lourds d’enseignement. On apprend de ses erreurs et, à Maurice, le Plan national contre le déversement d’hydrocarbures de 2003 a été revu suite à ce drame, afin de renforcer les mécanismes de prévention et d’intervention contre le déversement de substances nocives dans nos eaux.
Maurice est équipée de matériel de prévention des marées noires depuis 2012, mais ce genre d’événement appelle l’activation de toute une logistique nationale et régionale. Le secrétaire général de la COI, Vêlayoudom Marimoutou, insiste sur l’indispensable coopération régionale : « Il n’y a pas un seul État de la zone qui est en mesure de faire face en solitaire aux risques croissants de pollution en mer et d’un niveau comparable à l’épisode Wakashio. »
Mécanisme régional
Le nombre et la taille des pétroliers et autres vraquiers qui passent dans la zone n’ont cessé d’augmenter. Des routes maritimes spécifiques sont prévues et les pays sont informés à l’avance de leur passage dans leurs eaux, ce qui permet de refuser ceux considérés à risque. Mais quand une pollution marine survient, la rapidité de réaction fait le reste…
Au jour J, un déversement d’hydrocarbures est simulé au large de Rivière Noire et signalé au Centre de commandement de Maurice, qui informe immédiatement le National Disaster Risks Reduction and Management Centre, puis les Centres régionaux de Coordination des opérations (CRCO) aux Seychelles, et de Fusion de l’information maritime (CRFIM) à Madagascar. La machine se met en branle et les bureaux de la COI abritent un centre d’opération, avec des officiers de la National Coast Guard et des centres régionaux.
Outre le suivi satellitaire, le Dornier et des drones assurent la surveillance aérienne. Le navire des garde-côtes, Barracuda, achemine sur place les bouées d’endiguement, tandis qu’un autre de petite taille les déploie… Ce genre d’exercice doit avoir lieu régulièrement pour remettre les équipements et procédures à jour. Aussi le Kenya est-il d’ores et déjà sur les rangs pour la prochaine simulation.