Ancien DRH en France métropolitaine puis à La Réunion, Philippe Maillard a renoncé, il y a six ans à une trajectoire professionnelle sûre et confortable pour créer Orghom Conseil et se consacrer au développement de l’humain dans l’entreprise. – Stéphane Guillebaud.
Philippe Maillard fait partie de ces entrepreneurs que l’on taxait il n’y a pas si longtemps, avec un brin de condescendance, de « gentils rêveurs » dont les théories liées au développement personnel faisaient généralement sourire les patrons directifs et les cadres supérieurs « overbookés » qui les jugeaient « trop éloignés de la réalité du terrain ».
Les choses ont changé. Les concepts de PNL, Process’com, management agile, ou résilience en environnement professionnel sont désormais considérés par un nombre croissant de chefs d’entreprise comme des facteurs de développement, voire comme des préalables indispensables à la croissance de l’entreprise. Tous ces outils, ou ces modèles, reposent sur un dénominateur commun … Ils concentrent leurs actions, non sur le savoir-faire mais sur le savoir-être et s’appuient sur un postulat qui confine à l’évidence : le bien-être au travail favorise l’efficacité.
Quels concepts intégrez-vous dans la notion de management d’excellence ?
L’excellence managériale reflète les qualités intrinsèques d’un manager qui a su se développer dans trois dimensions : la lucidité, c’est-à-dire, la capacité à identifier ses propres points forts et ses axes de progrès. La construction, à savoir la capacité à fédérer, à partager, à travailler ensemble, à obtenir l’adhésion de son équipe et à avancer avec elle dans un projet. Enfin, la bienveillance qui n’a rien à voir avec de la gentillesse mais qui reflète l’attention que le manager va être capable de porter à chaque membre de son équipe, en l’aidant à progresser et en reconnaissant ses savoir-faire et ses réussites.
Cela constitue le cœur de votre action à travers votre société Orghom…
En créant Orghom, j’ai voulu m’intéresser aux organisations et aux hommes dans l’entreprise. Nous agissons essentiellement dans trois domaines : Le coaching des managers et des équipes, l’accompagnement dans le développement managérial et personnel, ainsi que l’externalisation des supports RH. Les PME ont en général les mêmes contraintes que les grandes entreprises dans le secteur des Ressources Humaines, mais elles ont rarement les moyens de s’offrir un DRH. L’externalisation répond à un besoin réel.
Vous étiez DRH. Pourquoi avoir ainsi tout plaqué pour vous lancer dans la formation ?
J’ai effectivement travaillé vingt ans comme DRH au service de grands groupes comme Danone, Aoste, La Lyonnaise des eaux, des entreprises du secteur automobile ou encore, plus récemment Carrefour à La Réunion. J’ai dû mener des missions complexes, souvent délicates et humainement douloureuses. Mon expérience a forgé ma conviction quant à l’importance de l’humain dans l’entreprise et la nécessité de mieux prendre en compte cette dimension essentielle au développement. Le déclic s’est produit alors que je travaillais chez Aoste à la mise en place d’un plan social. J’avais sympathisé avec un jeune chef d’entreprise, qui accompagnait les salariés dans leur reclassement. Il m’a dit « toi, un jour, tu ouvriras ta boîte ». J’ai gardé cette prédiction dans un coin de mon esprit. Quelques années plus tard, à La Réunion, elle a résonné comme une évidence. J’ai quitté mon poste chez Carrefour et je me suis lancé.
Sentez-vous les chefs d’entreprise réunionnais réceptifs ?
Je ressens beaucoup d’intérêt. Quelques interrogations aussi, c’est normal. La majorité des chefs d’entreprise se rend compte qu’on ne peut plus manager comme avant. Cela ne marche pas. La notion de bien-être au travail n’a rien d’un concept d’idéaliste. Toutes les études menées sur la question démontrent sans la moindre ambiguïté que les salariés heureux dans leur travail produisent plus et mieux que les autres. On est passé d’une expertise technique à une expertise relationnelle.
Quel conseil donneriez-vous à un créateur d’entreprise ?
Qu’il se fasse accompagner dans sa démarche, par un coach. La création d’entreprise n’a rien d’une sinécure. C’est passionnant mais complexe, difficile, parfois décourageant. Il est essentiel de vérifier que celui que souhaite se lancer ait vraiment l’envie et l’énergie. Qu’il connaisse le sens de son action et qu’il y croie. Qu’il est capable de se donner à fond dans son projet. On ne peut pas créer son entreprise et, dans le même temps, vouloir conserver son activité salariée par souci de sécurité.