Le 5 juillet 1962, l’indépendance de l’Algérie est proclamée. Au-delà de la nouvelle autonomie de ce pays, c’est la question globale de la décolonisation européenne en Afrique. La fin d’une ère de conquête opportune et d’exploitation des populations et des richesses des sous-sols. Une colonisation rapide et parfois brutale des forces d’Europe de l’Ouest dont la répartition des territoires révèle la méconnaissance du contexte local.
Des lignes droites sur des milliers de kilomètres. Des frontières africaines rectilignes s’étendent sur le planisphère tel des tracés d’enfant. Ou plutôt une gigantesque tarte dont les coups de couteau laisseraient une empreinte. Comment ne pas les remarquer aux regards des limites territoriales de certains pays comme l’Égypte, la Mauritanie, la Namibie ou l’Algérie ?
Tout commence au XIXe siècle où les puissances coloniales, françaises et anglaises en tête, s’arrogent la part du lion et se rependent ici et là. L’Afrique de l’Ouest principalement pour les tricolores. L’Afrique de l’Est et le Sud pour l’Union Jack. D’autres pays européens ramassent les miettes. Le Rwanda pour l’Allemagne, le Mozambique pour le Portugal, la Somalie pour l’Italie, le Congo pour la Belgique. Bien évidemment avant cela, les Européens étaient présents par le biais de comptoirs commerciaux, mais ils ne contrôlaient pas les pays, les royaumes. Ils trouvaient simplement un objectif marchand, un mercantilisme utile à la croissance de leurs économies.
Cependant le chancelier Otto von Bismarck n’est pas satisfait de son sort. Il considère que l’Allemagne est mal lotie. Alors au cours de la conférence de Berlin de 1884, il est convenu l’application d’une série de règles officielles de colonisation. Ainsi est décidée la liberté de navigation sur les fleuves Niger et Congo, l’interdiction de l’esclavage et l’établissement durable dans un territoire avant d’y revendiquer la souveraineté. De cette manière, ce dernier point lance une course effrénée. Il faut au plus vite pénétrer les terres jusqu’à rencontrer une autre puissance étrangère. À ce point de rencontre, pourquoi ne pas définir la frontière ? La conquête commence. Une ruée vers l’or. Ces occupants apportent de nombreuses compétences notamment sanitaires, mais également une technologie militaire suffisamment avancée pour faire taire toute velléité contestataire des colonisés…
La conférence s’étend jusqu’au début de l’année 1885 où le partage de l’Afrique est acté. Et à y regarder de plus près, le démembrement du continent se fait au détriment de certaines populations. En effet, cela ne prend pas en compte les tribus, les religions et les contrées des nomades. Le territoire des Touaregs s’étend du Niger à l’Algérie en passant par le Mali dorénavant.
Et les politiciens ont apparemment appliqué leurs cours de géométrie. À l’aide de règle, des lignes droites noircissent la carte d’Afrique. Des familles sont scindées autant que les terrains des propriétaires.
Les équilibres alors tanguent. Comment concilier des voisins rivaux, des cultures opposées ou mettre fin à des territoires ancestraux ? Les Européens passent, les colonisés trépassent.
Des guerres intestines s’accroissent et souvent les rixes sont laissées à elles-mêmes. Sans défense. Le génocide rwandais n’est-il pas le meilleur exemple ? Les Tutsis avaient les faveurs du colonisateur. Une situation qui a généré une haine inextinguible et provoqué le génocide le plus rapide de l’Histoire, huit cent mille morts en cent jours.
À présent, les pays africains sont moins attachés aux grandes nations européennes. Même si les anciennes puissances conservent des liens privilégiés, les multinationales les ont remplacé.
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Petit Pays de Gaël Faye a connu un succès retentissant. Prix Goncourt des lycéens et Grand prix de l’Académie française 2016, l’auteur décrit à travers les yeux d’un enfant les péripéties d’un jeune africain exilé au Burundi. Découvrez les raisons et constatez les fracas des colonisateurs où les impacts se ressentent encore aujourd’hui.