En route pour les étoiles
Dix performeurs et performeuses prometteurs vivent actuellement une aventure palpitante avec sept de leurs aînés qui ont endossé leurs habits de coach pour eux, sous l’égide de la Ritmik Akademi. Ils les aident à cheminer dans leur création et révéler tout leur potentiel… Dominique Bellier
Imaginée par Manu Desroches et Jean-Christophe Jeannine, Ritmik Akademi rassemble ces temps-ci dix nouveaux artistes du secteur musical, avec sept professionnels qui les conseillent et les encouragent à toujours remettre le travail sur l’établi : Manu Desroches pour la créativité et la guitare, Boyana Joseph pour le travail de la voix, AnneGa pour les choix et le parcours d’artiste, Denis Essoo pour la technique, Jalill Auckbaraullee pour le studio…
La scène est exigeante, à plus forte raison en chant et musique, où la fausse note écorche facilement les tympans. Elle demande une pratique et une amélioration continues. Voilà pourquoi ces séances encadrées sont précieuses.
Ex-directeur d’hôtel, Jean-Christophe Jeannine amène MJ Développement comme mécène du projet. Aussi met-il un point d’honneur à créer les conditions idéales pour ses protégés : transport du pas-de-porte au Creative parc, qui garantit présence et ponctualité de tous ; nourriture et boisson à volonté tout au long des séances. Cela demande beaucoup d’énergie et de concentration.
Dénuée d’esprit de compétition, Ritmik Akademi encourage le partage et le collectif. La plupart des bénéficiaires ont été repérés par Manu Desroches à Étoiles en herbe, un autre à Konpoz to lamizik. L’un d’entre eux a impressionné pour son inébranlable volonté à toujours se dépasser.
En mars 2025, ils présenteront le spectacle des 10 ans d’MJ Développement à Maurice, sur le thème des jeunes musiques émergeantes… Chacun recevra des équipements professionnels, et des opportunités d’enregistrement à l’étranger pourraient se dessiner.
Après la violence…
Kinsley David a posé le mois dernier le premier jalon de la campagne Enfance sans peur, en témoignant de son enfance marquée par la violence du père et en partageant les longues réflexions que cette expérience a amenées en lui. Galimatias illustre le chaos intérieur de l’enfant confronté à l’inexcusable, et surtout il indique une voie de libération et délivre un magnifique message d’espoir. Dominique Bellier
Bien sûr, Galimatias offre un témoignage poignant par l’évocation des violences et de l’agressivité d’un père et époux, et surtout le récit de l’impact qu’elles ont sur l’enfant, puis l’adulte qu’il est devenu. N’allez pas y cherchez du mélodrame ou l’exploration des noirceurs de l’âme. Kinsley David ne juge pas, et il a l’honnêteté de raconter aussi les moments heureux de cette famille de Mahébourg.
L’auteur a un goût insatiable pour la lecture et l’écriture, qui l’ont probablement sauvé de la dépression et des traumatismes d’une enfance malmenée. Il démontre à travers ce texte d’intéressantes facultés à décrire le ressenti, à faire revivre l’enfant qu’il a été, à donner de la voix à son être intérieur et restituer le flux de la vie quotidienne. Il aide à reconnaître l’impact émotionnel et psychique de la violence dans toutes ses dimensions et à méditer sur la nature des liens que l’on tisse avec autrui.
Illustré en couverture par Pascal Lagesse, Galimatias est publié par l’éditeur engagé Leko à Maurice et par le Réunionnais Ars Terres créoles. Il sera distribué dans l’île sœur. Une part des ventes ira à deux associations investies dans la lutte contre les violences domestiques : Dis-Moi et Passerelles. Cette parution s’inscrit dans le déploiement de la campagne « Enfance sans peur », orchestrée par Dis-Moi, qui bénéficiera de l’appui du bureau de l’Ombudsperson for children.
Atelier 24 à Imaaya
L’artiste Neermala Luckeenarain a ouvert son atelier de gravure à huit autres artistes mauriciens, moins férus qu’elle des techniques d’impression et de reproduction d’art, mais très capables de concevoir et réaliser des œuvres à cette fin, sous sa bienveillante attention.
Les meilleurs travaux sortis de son studio curepipien, l’Atelier 24, sont exposés à la galerie Imaaya, du 14 novembre au 5 décembre (de 10h30 à 16h – fermé le lundi). Un court métrage de Kaviraj Bhunjun racontera cette expérience et cinq portfolios réunissant une sélection de travaux des 9 participants vont être donnés à différentes institutions, telles que la National Art Gallery ou encore le J. J. School of Arts Mumbai.
Burin, taille douce, sérigraphie, matrices en bois, linoleum ou caoutchouc, de nombreuses techniques ont été employées. Outre Neermala, les participants sont : Vishal Auckel, Deepa Bahadoor, Malini Callimootoo, Ismet Ganti, Arvin Ombika, Mala Ramyead, Veemanda Seeneevassen et Rishi Seeruttun.
Wild avec Samudra !
La Caudan Arts Centre accueille jusqu’au 8 décembre quelque 250 travaux réalisés par des artistes de tout acabit du débutant au professionnel averti, dans le cadre du deuxième Samudra Art Prize.
La créativité plastique s’est exprimée cette fois sur « la faune et la flore de nos îles, et les communautés qui en dépendent ». Les jurés ont choisi parmi 796 œuvres qui en appellent à tous les médias et techniques, de la peinture aux créations interactives, en passant par la sculpture, l’artisanat, la mosaïque, la photo, la vidéo ou le street art… D’accès libre, l’exposition occupe tous les espaces du CAC et peut être vue sur samudraartprize.com/artworks.
Onze prix seront décernés le 12 novembre, lors d’une cérémonie réservée aux nombreux participants. Et quatre conférences sont prévues : le 16 novembre sur le recyclage, le 7 décembre sur la nature dans l’art mauricien, ainsi que deux autres sur le droit de la nature et sur une révolution tranquille…