Dans la famille des peintres, Roger Charoux, Evan Sohun et Gaël Froget font partie, chacun à leur manière, des taiseux, préférant laisser parler leurs travaux. Mais lorsqu’ils sont ensemble… ils deviennent presque volubiles. Pour l’exposition Audace, que ce trio pictural a présentée fin mai à Imaaya, le « vernissage » s’est déroulé dans l’intimité de l’atelier du doyen de la peinture mauricienne…
Dominique Bellier
À déjà 93 ans, même si le corps est plus lent, Roger Charoux garde sa fraîcheur intellectuelle et son élégance naturelle. Peintre et architecte d’intérieur, l’artiste a le souci de l’esthétique des lieux et de ceux qui l’habitent… Franchir le portail de son jardin est déjà un enchantement. « Roger est une boîte de Pandore ! Il réfléchit visuellement à tout ce qu’il fait… », s’exclame Evan Sohun. Le peintre a ouvert les portes de son atelier juste avant l’exposition à la galerie Imaaya, en compagnie de Gaël Froget et Evan Sohun, qui ont amené quelques tableaux.
Les paysages, nus et natures mortes, figuratifs ou déconstruits, de Roger constituent la moitié de l’exposition, faisant des clins d’œil aux cartes postales « basquiennes » et portraits « graphés » de Gaël, ainsi qu’aux espaces très structurés et graphiques, architecturaux en somme, d’Evan, dans une palette de couleurs vives et lumineuses qui s’harmonisent avec celles de son aîné.
Du renouveau et de l’écho
Le thème de l’audace s’est imposé comme l’adrénaline qui pousse ces artistes à régulièrement réinterroger leur expression. Roger Charoux s’est orienté depuis une quinzaine d’années vers des travaux de plus en plus abstraits, qui magnifient la couleur et simplifient les formes, à la manière d’un Chazal, mais sur des motifs et intentions qui lui sont propres. L’audace dans les couleurs qui excitent les sentiments, dans la quête perpétuelle du renouveau et la jouissance de s’extirper de sa zone de confort : tout cela les rassemble et leur ressemble !
Les deux plus jeunes racontent qu’ils ont adopté certains motifs ou le noir en fond — et non plus comme contour — sous l’influence de Roger : « Malcolm disait qu’il faut peindre sur la nuit. » Le noir exalte les couleurs dans plusieurs tableaux. Si Evan a particulièrement travaillé le thème du rapport intérieur/extérieur, le motif de la fenêtre ouvrant sur un ailleurs revient autant dans ses créations que dans celles de Gaël Froget, qui propose une série de paysages abstraits, intitulés Eskapad, sur la revanche de la nature sous le confinement.
Laurie Castel en juin…
L’aquarelliste et marcheuse Laurie Castel est capable de poser ses fines représentations sur des supports aussi inattendus qu’un mégot de cigarette prélevé au cours d’une randonnée ! À partir du 1e juin, elle expose ses nouveaux travaux à Imaaya, dans lesquels elle intègre des matériaux trouvés dans la nature. Collés sur papier, d’incongrus bouts de semelles contrastent avec la subtilité du dessin, écrasant le paysage, en témoins de l’époque…