Il s’agite sur un coin de plage pour donner vie à des œuvres éphémères. Musicien, sculpteur sur sable, bois et béton, cet autodidacte de cinquante-sept ans est surprenant ! Ses créations trônent dans son jardin à Cap Malheureux et à la résidence Le Beau Manguier à Pereybere. Il nous parle de ce qui l’anime. – Delphine RAIMOND
Tout petit, il dessinait des avions, mais c’est par la musique que Sanjay a pénétré le monde artistique. Ses parents, modestes cultivateurs de Montagne Longue, ont élevé sept enfants dans la musicalité. Une sœur de Sanjay fait les Beaux-Arts, lui entre au Conservatoire de Quatre Bornes. Lors de premiers concerts dans le bar de son frère, Le Bénitier, il découvre le saxophone et se perfectionne en guitare.
« Plutôt timide et réservé, j’ai commencé en faisant des formes dans le sable avec mes mains, sur des plages retirées. » Au départ, ses ouvrages sont horizontaux, les personnages allongés, puis Sanjay découvre la verticalité : le champ des possibles. Attiré depuis longtemps par la fibre de verre, il doit encore y renoncer, ladite matière première étant trop chère. Sa première œuvre, issue de restes de ciment d’un chantier, est un bouddha. En bois, c’est un visage. « Mais bien souvent, les rondins ne sont pas suffisamment volumineux pour tailler toute l’œuvre en un seul bloc », déplore Sanjay.
En 2009, assez satisfait pour se montrer au public, il est sollicité par divers acteurs économiques dans le cadre d’évènements et commémorations. Sur la plage de Pereybere, ses incroyables scènes en mouvement attisent alors l’intérêt des médias locaux.
Sanjay burine pour le plaisir, mais serait heureux de vendre ses sculptures. « Je voudrais que mes œuvres soient plus durables. Que les gens reconnaissent et respectent mon travail. » En attendant, il perçoit quelques cachets d’hôtels pour des évènements musicaux et artistiques, donne des cours de saxo et anime des ateliers de travail sur sable. L’an dernier, Toronto a sollicité sa présence à un festival que la pandémie a malheureusement abrogé. Un brin espiègle et plus confiant, l’artiste déclare : « Je ne suis plus paniqué, j’ai moins de doutes sur mon travail, alors j’attends le prochain train ! »
Le retour du tourisme à Maurice ravit Sanjay : les étrangers sont les meilleurs garants de son talent, faisant voyager ses œuvres au travers de leurs photos.
Quand vous le croiserez, sur une plage du nord ou d’ailleurs, arrêtez-vous pour admirer son travail. Sanjay est un de ces talents rares, une rencontre que l’on ne fait pas tous les jours dans sa vie !
Facebook : Sanjay Jhowry – Artist | Tel : +230 57 62 39 20