Artiste-peintre, scénographe, chef de file du groupe de peinture Le Groupe du Samedi, parmi les intellectuels qu’étaient Hervé Masson, Malcolm de Chazal, Pierre Renaud et Marcel Cabon, grand humaniste proche de Gabriel Gillet, Xavier le Juge de Segrais et Georges André Decotter, Serge Constantin a indéniablement marqué la vie culturelle mauricienne du 20ème siècle. Une centaine de ses œuvres retraçant un parcours hors normes sont actuellement visibles au Plaza de Rose-Hill jusqu’au 14 octobre.
Le monde lui tendait les bras, mais à la différence de nombreux autres artistes, Serge Constantin formé à la London School of Arts and Crafts a toujours refusé une expatriation, préférant vivre et transmettre son art dans son île, auprès de plusieurs générations d’enfants. Jusqu’au 14 octobre, le public pourra découvrir « Serge Constantin, les couleurs du monde » une belle exposition qui remet en lumière toute la richesse et la diversité de son œuvre. Pensée comme un retour aux sources, cette exposition se tient au Théâtre du Plaza à Rose-Hill, dont il fut le décorateur pendant près de 50 ans et où se trouvait sa classe de cours. Parmi les 2000 œuvres de l’artiste, où paysages, personnages, natures mortes se déclinent en aquarelles, gouaches ou peintures à l’huile, le commissaire de l’exposition Philippe Piguet* en a sélectionné 100, de toutes périodes, techniques et sujets confondus.
Un artiste indépendant, une œuvre qui lui ressemble
Baptisée « Serge Constantin, les couleurs du monde », en raison de ses qualités de coloriste incomparables, Serge Constantin est selon lui un artiste libre et indépendant qui a absorbé tous les styles du 20ème siècle et fait une œuvre à sa manière. Une des difficultés de son travail a consisté à composer une sélection pertinente de travaux, susceptible d’éclairer le public sur l’auteur de cette œuvre, si singulière et portée vers le futur. Il signe ainsi sa 166ème exposition, un projet sur lequel il travaillait depuis deux ans et demi. Organiser une exposition a t-il rappelé, « c’est tenter de mettre en scénographie, pour utiliser un terme cher à Serge Constantin, un propos de création ». Et de préciser, « j’espère que le visiteur y trouvera ce qui va l’émerveiller et qu’il voudra y revenir plusieurs fois. Serge Constantin m’a appris à m’émerveiller de tout ce qu’il regardait, d’abord et surtout l’île. Il nous apprend à voir ». Pour rappel, la rétrospective Serge Constantin 2017, portée par l’association Les Amis de Serge Constantin et les deux enfants de l’artiste, David et Rachel, regroupe son œuvre picturale et scénographique déclinée en trois expositions gratuites. La principale, « Serge Constantin, les couleurs du monde » se tient au Théâtre Plaza de Rose-Hill, la seconde, « Serge Constantin et l’art de l’estampe » à l’IFM de Rose-Hill jusqu’au 30 septembre et la troisième, « Visions de Port Louis, Constantin et ses amis » à l’ICAIO de la capitale, jusqu’au 15 novembre. Elles sont assorties de la publication d’une biographie « Serge Constantin, le locataire du Plaza », du catalogue « Les couleurs du monde », du lancement du site internet www.sergeconstantin.com, d’un projet pédagogique destiné aux enfants, ainsi que l’émission d’un timbre commémoratif dès ce mois-ci.
* Critique d’art et commissaire d’expositions indépendant français, Philippe Piguet collabore régulièrement aux revues d’art L’oeil depuis 1985 et Art Absolument depuis 2002. Auteur de nombreux textes de catalogues, il enseigne l’histoire de l’art à l’ICART – Institut Supérieur des Carrières Artistiques – depuis 1986 tout en développant son activité de conférencier et a également écrit des livres et des films sur l’art contemporain.