A Saint-Denis, les automobilistes qui avaient pour habitude de jouer au chat et à la souris avec les agents en charge de veiller au bon paiement du stationnement, risquent désormais d’en être pour leur frais. La SODIPARC, délégataire du stationnement en centre-ville vient en effet d’investir dans ce qui ressemble fort à l’arme absolue contre les spécialistes de la fraude au stationnement. Il s’agit d’un véhicule bardé de caméras qui piste les mauvais payeurs. – Stéphane Guillebaud
LAPI, comme Lecture Automatique des Plaques d’Immatriculation, se compose d’une série de caméras reliées par interface informatique aux données des horodateurs du parc. Le dispositif est fixé sur le toit d’une petite Renault Zoé électrique qui parcourt les rues du chef-lieu réunionnais. « Le LAPI ne produit aucune contravention » précise Jean-Jacques Fung, directeur général délégué de la SODIPARC. « Il ne fait que lire les plaques des véhicules stationnés ainsi que les données de paiement recueillies par les horodateurs. C’est un outil d’information à destination de nos équipes d’agents, qui doit permettre de mieux organiser les contrôles ».
4500 contrôles par jour contre les 1300 actuels
Les dirigeants de la SODIPARC se défendent ainsi de vouloir utiliser l’outil LAPI pour faire du chiffre. « Nous ne sommes pas dans une logique de production de PV » assure Marc Lafaye, directeur du développement. « Notre objectif est d’obtenir le meilleur taux de paiement possible. Cela devrait également nous permettre d’obtenir des données factuelles plus complètes sur l’usage du stationnement en ville ».
Automobilistes, prenez tout de même garde car même sans logique de « chiffre » affichée, l’utilisation de la petite ZOE bardée de caméras devrait permettre aux huit agents de la SODIPARC d’effectuer environ 4500 contrôles par jour contre les 1300 actuels. Il y a donc fort à parier que le nombre d’amendes délivrées s’en ressente. Il était de 15800 forfaits post-stationnement en 2017 et de 17800 en 2018.
Le jeu du chat et de la souris risque de tourner court pour les souris, entendez par celles-ci, les automobilistes allergiques au stationnement payant. Ils pourront se consoler en téléchargeant l’application « pay by phone » mise depuis quelques mois à leur disposition et permettant de s’acquitter de son stationnement depuis son smartphone, sans passer par l’horodateur. L’application a déjà séduit plus de 4000 usagers en moins d’un an.
L’évidence d’un constat de saturation
En décembre 2018, la ville de Saint-Denis avait pris l’initiative d’une mesure exceptionnelle de gratuité du stationnement jusqu’à la fin de l’année. Une annonce qui, en pleine crise des gilets jaunes, visait à favoriser la fréquentation des commerces de centre-ville. Le résultat, catastrophique d’engorgement de l’hyper-centre, a conduit la municipalité à y renoncer dès le 17 décembre. L’expérimentation aura au moins permis de mesurer le taux d’occupation des places de stationnement pendant la période. En zone orange, habituellement la plus chère, il atteignait 80% dès 8h du matin, pour toucher à la saturation dès 9h. En zone verte, plus éloignée, le taux était de 37% à 8h et n’atteignait la saturation qu’entre 11h et 15h. Dans les parcs de stationnement, qui n’étaient pas concernés par la mesure de gratuité, aucune saturation n’a été constatée.
4 000 places en ville
Le stationnement à Saint-Denis est organisé autour de trois offres. Le stationnement de longue durée en zone verte compte 1 100 places. Elles sont un peu plus éloignées mais aussi bien moins chères (0,6 € pour une heure contre 1,7 € en zone orange. La zone orange, la plus utilisée, compte 1 600 places dans l’hyper-centre. Enfin, les 7 parkings de la ville réunissent 1 300 places disponibles.