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dimanche, décembre 22, 2024

The Safe Haven Halfway Home, la maison qui répare

Créé en 2017 à Moka, SHHH est un projet de l’ONG Gender Links qui défend les droits des femmes en Afrique Australe. La structure offre aux victimes de violences domestiques, et à leurs enfants, le seul refuge du genre à Maurice. Un minuscule canoë de sauvetage bien insuffisant dans un océan de violence, lorsque l’on sait qu’une femme sur quatre est ici victime de maltraitances. Delphine Raimond

À la tête de Gender Links depuis huit ans, fondatrice et directrice de SHHH Maurice, Anushka Veerasawmy est de ces femmes qui forcent le respect. Solaire, affable, souriante et bienveillante, elle ne tarde pas à nous confier qu’elle est heureuse, tout simplement ! Pourtant, derrière ce discours galvanisant, la détresse humaine qu’Anushka gère au quotidien est grave.

« J’ai une chance incroyable de faire ce que je fais, je suis bénie ! Et quotidiennement impressionnée par tout l’amour que donnent les résidentes ! »

Anushka m’explique que les violences – physiques, émotionnelles, sexuelles et économiques – s’apparentent à une pandémie mondiale au coût énorme pour l’état. Injustement normalisée, cette effroyable situation doit changer !

Si la démarche d’intégration au SHHH est volontaire, catalysée par le-bouche-à-oreille, Anushka collabore aussi avec les polices locales et les services sociaux. Les résidentes (au nombre maximum de vingt-cinq, faute de place) sont accueillies, protégées, logées, nourries. SHHH leur procure le nécessaire du quotidien, les forme et les éduque. Aux enfants hébergés avec leurs mamans, sont fournis : le transport scolaire, l’accès à l’école, les uniformes et le matériel. En échange, chacune de ces femmes s’engage à avoir un emploi et passe un contrat simple et équitable avec Anushka. En sus des tâches ménagères collectives réparties journellement entre les résidentes, une économie de 8000 roupies doit être réalisée mensuellement par chacune, afin de constituer, au bout de dix mois, le dépôt imposé aux mauriciens pour l’accession à la propriété.

Totalement perdues à leur arrivée, sans repères, ni hygiène pour certaines, ces femmes sont accompagnées dans toutes les démarches par le personnel (une équipe de six employés à plein temps) ou les résidentes en place, mais aussi régulièrement évaluées quant à leur degré d’engagement. Le respect des règles, la solidarité et la confiance sont ici des notions essentielles préparant au retour à la vraie vie. Et le deal fonctionne, puisque 80% des femmes quittant les lieux après six à douze mois sont socialement et financièrement autonomes. Pour exemple : Brenda, arrivée avec ses deux jeunes enfants – violentés comme elle – et prostrée dans le silence, la peur et les crises d’angoisse, communique aujourd’hui avec joie et s’apprête à acheter sa propre maison.

Dès que les financements le permettent, formations, ateliers éducatifs et divers projets sont mis en place, mais la plus grande difficulté reste l’abord psychologique, surtout avec les enfants : « nous ne sommes pas des spécialistes et avons nos limites. Donner de l’amour n’est pas toujours suffisant ! » Alors l’intervention de médecins, psychologues, psychiatres, dévoués et disponibles, est un soutien majeur pour Anushka.

Ses aspirations ? Être un jour en mesure d’accueillir les femmes handicapées et pouvoir ouvrir un shelter pour les garçons.

Il est des vocations… des rencontres… qui imposent l’humilité, l’admiration !

The Safe Haven Halfway Home – Mauritius / Anushka : +230 59345787

Numéro d’urgence pour les victimes de violence domestique : 139

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