Le 28 septembre, au musée d’Histoire Naturelle de Port Louis s’ouvre une exposition conçue comme un dialogue entre des figures majeures de l’art surréaliste du XXème siècle et des artistes contemporains français (de La Réunion) et mauriciens qui établissent, à leur façon, une conversation intemporelle et universelle, par-delà les océans et les époques. Les Mauriciens Salim Currimjee, Simon Back et Oliver Maingard y exposent.
A l’initiative de ce projet d’envergure, ont œuvré trois acteurs, dont l’Institut français de Maurice qui poursuit par cela, ses objectifs de partage, de dialogue entre les cultures et de diffusion de la création contemporaine. C’est une exposition collective qui se veut exigeante d’un point de vue artistique, mais aussi résolument ouverte et populaire. Car « Conversations » associe aux œuvres exposées, diverses actions de médiation à destination du grand public. Le FRAC – Fond Régional d’Art Contemporain – Réunion, sans lequel cette opération artistique majeure n’aurait été possible, a fait en sorte que les œuvres dont il est dépositaire puissent quitter le sol réunionnais. Enfin, le superbe musée d’Histoire Naturelle, le site d’accueil de « Conversations », est le plus ancien des musées de Maurice et parmi les plus anciens d’Afrique australe. Après deux années de restauration, sous tutelle du Ministère des Arts et de la Culture, en collaboration avec The Mauritius Musuems Council, il a rouvert ses portes en août dernier et, l’exposition présente, aussi, l’opportunité de le découvrir.
Trois Mauriciens aux côtés de Tapiès et de Miro
Le nom de Salim Currimjee est associé à l’architecture dont il a fait son métier et à l’ICAIO – Institut pour les arts contemporains de l’océan Indien – qu’il a fondé en 2015. Depuis sa première exposition en 1992, celui qui contribue fortement au dynamisme de la scène artistique mauricienne, a réalisé une douzaine d’expositions personnelles et a participé à de nombreuses opérations collectives, comme Bordeline et Metaform. Salim est présenté comme un visiteur du monde… Pour lui, la manière dont nous percevons et construisons les espaces définit la perception de qui nous sommes, ce qu’il cherche à retranscrire dans ses travaux.
Né au Zimbabwé, Simon Back qui a exposé jusqu’en Europe et à New-York se partage entre l’enseignement de l’art, l’architecture et la peinture. Son travail évoque la relation que l’homme tisse avec son territoire et les conséquences qui en découlent. A travers ses grandes oeuvres colorées et empreintes d’art primitif, où sont déployées des formes récurrentes et mystérieuses, l’artiste évoque sa jeunesse passée au milieu de paysages remarquables et au sein d’une culture et d’une histoire propre à cette partie de l’Afrique australe où il a grandi. Ce que cherche Simon c’est faire le lien entre l’acte et ses traces, qu’il symbolise dans les espaces qui caractérisent ses toiles, pour les recouvrir ensuite de peinture comme on enterrerait un secret. Peut-être un reflet au contexte de guerre civile ayant sévi au Zimbabwe, où les plaines apparemment calmes ont servi à dissimuler un monde d’hostilités et de mutilations… Architecte de profession, Oliver Maingard propose lui, au travers de ses œuvres une approche du monde moins organique, plus minimaliste et conceptuelle. Il s’intéresse surtout à la mutation de la forme simple, à l’effet d’illusion… Eduquer et sensibiliser les jeunes à l’art en le désacralisant sont aussi les objectifs clairement affichés de « Conversations ». Ils s’illustrent par la formation de médiateurs chargés des visites guidées pour le grand public et les scolaires, des rencontres entre étudiants de l’ENSA, du MJI et les artistes, des nocturnes originales, la mise en place d’une médiathèque éphémère et d’un cinéma en plein air où il sera bien sûr, question… d’art.
Entrée gratuite du 28 au 30 novembre