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dimanche, mars 16, 2025

Un morceau du patrimoine pictural à l’encan

7 invendus sur 64 lots, c’est un succès et c’était une première… La vente aux enchères qui s’est tenue le 30 novembre dernier à la galerie Ilha do Cirné a réjoui le collectionneur mauricien Duksha Ramful, à l’origine de l’initiative. Comme son père Prakash, ce pédiatre installé à La Réunion est un collectionneur dans l’âme et surtout un grand amateur d’art, doublé d’un citoyen soucieux du patrimoine artistique mauricien… Dominique Bellier

Certains collectionneurs n’envisagent pas une seconde de se séparer de leurs acquisitions, les gardant jalousement dans le secret de leurs pénates ou coffres bancaires. D’autres sont de grands amateurs d’art, qui s’intéressent profondément à ce qu’ils achètent et se documentent, pour apporter leur pierre à la vie artistique. Une démarche précieuse dans un pays où l’art semble laisser les décideurs politiques assez indifférents.

Avec notre National arts gallery sans… galerie, la vie artistique mauricienne repose avant tout sur les opérateurs privés, les artistes eux-mêmes et les collectionneurs. Mais de mémoire d’homme, la vente du 30 novembre 2024 était la première du genre, quasi-exclusivement dédiée aux créations d’artistes mauriciens qui ont marqué la peinture des 19e et 20e siècles. En cédant 64 des pièces qu’il possédait, Duksha Ramful a fait découvrir des œuvres majeures au public mauricien, le temps d’une courte exposition et avec un catalogue documenté.

« Je ne vois aucun intérêt, nous explique-t-il, à « empiler » chez moi des œuvres que personne ne verra. Je préfère en vendre certaines qui feront le bonheur d’autres amateurs comme moi. Je reste persuadé que leur diffusion à travers des ventes publiques évite aussi que des artistes ne tombent dans l’oubli. » Il contribue à la circulation des œuvres, et surtout il rapatrie dans son pays un patrimoine pictural mauricien dispersé à travers le monde.

S’il s’intéresse aux grands maîtres et a forgé sa passion en visitant beaucoup de musées, Duksha Ramful a rationalisé son activité en se concentrant sur l’art mauricien, recherchant des œuvres qui le touchent, tout en ayant une valeur historique, artistique et esthétique pour son pays… Une rare représentation de Plaine Lauzun signée François Leroy raconte en un regard diverses activités économiques et sociales qui animaient un faubourg en 1859.

Les caricatures de Gabriel Gillet sont un morceau d’anthologie de la vie publique, tandis qu’une de ses huiles rappelle qu’il était aussi paysagiste. Xavier le Juge de Segrais, Max Boullé, Ménardeau, Marcel Lagesse, Gaetan de Rosnay, Frank Avray Wilson, Hervé Masson, Malcolm de Chazal, Claude Bethuel et même Henry Coombes, parmi les six artistes vivants… cette vente a concentré des figures emblématiques et traversé les grands courants qui font l’histoire de la peinture mauricienne.

Outre le côté pittoresque de l’encanteur qui compte en piastres et veille sur sa montre, l’évolution du prix et des mises ont montré que les acheteurs présents (physiquement ou non) parmi quelque 45 visiteurs, savaient ce qu’ils enchérissaient ce jour-là. Notre interlocuteur regrette seulement le peu d’intérêt pour Segrais, ainsi que l’absence d’étudiants et d’institutions publiques à cet événement.

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