S’il n’était que le cofondateur de la société de conseil Dynamia Associates & Developers Ltd, on aurait déjà envie de le rencontrer pour découvrir par quel miracle il réussit à articuler des ambitions d’entreprises et de conglomérats avec ses propres convictions écologiques et sociales. Mais Thierry Le Breton est plus vaste que ça…
Il a le verbe haut, clair, net, franc, rapide, fin, dense, intelligent. Il est de ces espèces rares qui pensent par elles-mêmes. Et il pense si vite que le conformisme ne le rattrapera jamais. Il serait donc vain d’essayer de le mettre dans une case. Il aime trop la vie pour être enfermé. Un sens aigu du vivant qui fonde sans doute son besoin viscéral d’en préserver toutes les formes et qui éclaire le déploiement singulier de sa vie.
Une conscience tôt éveillée
Enfant, deux êtres essentiels ont semé en lui des graines intellectuelles si florissantes qu’elles expliquent ses futurs combats. Sa mère, qui l’entraînait dans ses déambulations émerveillées par le charme du Port Louis d’autrefois et de ses commerces de détail. Son grand-père, pionnier de l’écologie, qui se battit pour la sauvegarde de l’estuaire du ruisseau de Terre Rouge, refuge d’oiseaux migrateurs, et pour la crécerelle mauricienne. Des combats qui inspireront en partie la création de la Mauritian Wildlife Foundation.
Deux socles sur lesquels se forgeront deux actions majeures de sa vie adulte : la sauvegarde du Patrimoine et de la Nature, mais pas seulement… Cette formation enfantine informelle, avant tout, a peut-être développé en lui plus profondément le souci de l’altérité, de l’autre que lui-même. Car s’il pense par lui-même, il ne pense pas pour lui-même. Et son parcours en est une démonstration magistrale.
Une conscience holistique
Sa vie d’adulte commence par des études en Sciences politiques à Lyon qui marquent déjà un intérêt fondamental pour la question sociale. Une étrange bifurcation l’amène aux USA, au département financier du groupe Saint Gobain. L’expérience est éphémère mais aura finalement son utilité beaucoup plus tard au sein de Dynamia Associates & Developers Ltd, société de conseil qu’il cofonde en 2014 avec Guy Fromet de Rosnay pour proposer à des entreprises ou des institutions ses services en stratégie de valorisation des territoires à Maurice et dans la région Océan Indien. Leur travail est joliment validé : Dynamia est la première entreprise 100% mauricienne à obtenir la certification B Corp, label le plus réputé concernant la durabilité !
Entre les USA et Dynamia, il s’est passé tant de choses… À l’image des vifs va-et-vient de sa pensée, il a vécu d’intenses situations diverses. Retour d’Amérique, il s’engage en France dans un séminaire catholique où il poursuit des études d’anthropologie. Étrange ? Pas tant que ça si l’on considère que les questions spirituelles et sociales imprègnent jusqu’aux objectifs de Dynamia… Il revient à Maurice en 2005 et rejoint une équipe d’activistes dans le premier combat écolo de l’île ayant des répercussions politiques : un délirant projet d’autoroute dans la Vallée de Ferney qui abrite une des ultimes forêts endémiques du pays. Victoire, le projet est annulé ! Ils gagneront d’autres batailles. Contre l’incinération des déchets en 2009, contre un monstrueux projet de centrale à charbon à 100 m du phare d’Albion en 2011…
Inclassable conscience
Peu à peu, Thierry Le Breton institutionnalise ses combats en rejoignant SOS Patrimoine et en participant à la fondation de la Plateforme Maurice Environnement dont il devient porte-parole jusqu’en 2015. Il siège aussi au Board du National Heritage Fund, donne des cours sur le patrimoine indianocéanique à l’École d’architecture de Nantes et s’implique dans l’Indian Ocean Islands Foundation tournée vers une régénération des écosystèmes intégrant nature, société et culture… Il est ici, ailleurs et là. C’est la grande classe des inclassables.
Site web : https://www.dynamia.mu/