Une histoire de pirate, encore une. Elles sont si courantes dans ces mers du sud. Une sorte de légende, de comptine racontée au coin du feu un soir d’hiver. Ici, John Bowen ressuscite, un obscur bandit hollandais tant redouté à son époque… Un pavillon noir s’approche, le tricorne vissé sur la tête, Bowen vient piller vos souvenirs…
Si Surcouf est le plus fameux d’entre tous les corsaires, Bowen n’est pas en reste. Un métier commun mais la légitimé en moins pour le second: il n’est que pirate!
Aujourd’hui ignoré, ce Hollandais avait une certaine notoriété au sein de l’océan Indien. Né en 1660 aux Bermudes, l’exploration au corps, John Bowen semblait destiné aux voyages et aux aventures. Il officia dans la marine à ses débuts avant de rejoindre le camp des pirates, bien plus lucratif.
Toutefois l’expérimentation commence mal, à l’extrémité du XVIIème siècle, les vaisseaux français croisant son chemin au large des côtes américaines. Ni une ni deux (ni trois d’ailleurs), il ne peut opposer de résistance, échoue dans les filets tricolores et est envoyé à Madagascar. Clap de fin.
Madagascar, terre d’ancrage
Néanmoins l’artiste hollandais a des ressources, son courage en escorte, il réussit un coup de maître. Dupant ses gardiens et quelques acrobaties plus tard, Bowen fuit!
Et si Madagascar constituait sa geôle, ce pays sera dorénavant le port d’attache de ses méfaits.
Bouffi d’assurance après cette expérience, il capture un navire: le Speaker. Mobile et léger, ce dernier est idéal pour toute escarmouche. Alors l’apprenti pirate égrène les mers chaudes de l’hémisphère sud et déploie ses ailes en quête de butin. Il devient le personnage de la région, chaque marchand de passage craignant Bowen et sa bande avides de fortune.
Depuis leur forteresse malgache, ceux-ci opèrent dans ce carrefour des Mascareignes. La route des épices attire de nombreux négociants et leurs cargaisons venues d’Orient sont une véritable aubaine.
En 1702, le marasme plane dans l’océan Indien, plusieurs navires sont assaillis. La victoire est totale pour Bowen et les festivités inévitables. La peau blanchie par le sel et les esprits grisés par le rhum, le chant de matelots retentissent bercé par la houle.
D’une violente secousse, la fête cesse. Le bateau, lourd de ses triomphes, a heurté un probable récif et prend l’eau de toute part. De la rade du Sud-Est de l’île Maurice, l’on aperçoit des hommes à la mer et un mât bientôt englouti.
Une paisible retraite sous le ciel bourbonnais
Les marins atteignent le littoral et, en peu de temps, fraternisent avec les représentants hollandais, maîtres de cette île. En effet, le nombre supérieur de pirates et la légende de Bowen poussent à l’amitié…
Après trois mois sur les côtes paradisiaques, les pirates reprennent du service et abandonnent l’île Maurice. Les bateaux sont de nouveau sabordés, les sabres sortent des fourreaux et foudroient tout détenteur de magot.
Cependant John Bowen connaît la valeur du temps et décide de mettre un terme à ses activités. À Maurice, il préfère l’île Bourbon. Le pirate repenti y écoule ses jours, armes blanches et artilleries au placard. Amnistié par un gouverneur corrompu, il savoure une retraite prospère, la richesse est moins pénible au soleil paraît-il…
Mais la maladie envahit son corps et ne tardera pas à le faire succomber. En mars 1705, âgé de 45 ans, l’écumeur des mers meurt et laisse tout une lignée de pirates orphelins. Bon vent Bowen!
Vous voulez en savoir plus ?
Sur les traces de John Bowen à Maurice, Patrick Lizé incarne le véritable chasseur de trésors. Ainsi, en 1979, il découvrit l’épave du fameux Speaker, navire garni de dinars d’or, lingots et perles aujourd’hui exposés dans les musées mauriciens. Ajustez votre tricorne et voguez à travers les légendes de la piraterie, la richesse des mots comme butin.