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samedi, décembre 21, 2024

“Volcan la pété”

C’est ainsi que s’exclament les Réunionnais au moins une fois l’an pour signifier que le Piton de la Fournaise est entré en éruption. Parmi les plus actifs au monde et classé dans la catégorie des non dangeureux, ce dernier s’appréhende de deux manières. Par la côte, où finissent par se perdre les coulées de lave successives, ou de l’intérieur de l’île pour accéder au cratère. 

“Aller au volcan”, à La Réunion signifie le plus souvent se rendre dans sa partie haute qui abrite la féérique Plaine des Sables, offrant aux conducteurs sa majestueuse nudité et les 630 marches du Pas de Bellecombe, le col qui marque la limite de l’accès routier vers l’enclos volcanique. Philippe Técher, mon guide me dira, pour l’avoir conduit lui-même sur cette route, qu’après avoir vu ces paysages à l’identité lunaire, le réalisateur du Seigneur des anneaux, aurait amèrement regretté de ne pas avoir connu La Réunion avant la Nouvelle-Zélande, finalement choisie comme terre de tournage pour cette fameuse épopée cinématographique…

Végétation sous haute protection

La route du volcan qui démarre du village de Bourg Murat a ceci d’intéressant qu’elle fait passer par une infinité de paysages, variables à mesure de la prise d’altitude. Il n’est pas rare de percer la couverture nuageuse pour la laisser derrière soi, en contrebas de la route qui n’en finit pas de grimper. Après les prairies vertes et grasses aux allures de Normandie, les forêts de crytomérias s’effacent pour laisser la place à une végétation rase et clairsemée, faite essentiellement de tamarins, des arbustes aux troncs rabougris et de branles, des bruyères au feuillage vert argenté. Attention à ne pas faire de “prélèvement”, la flore du volcan étant sous haute protection!

Depuis le Pas de Bellecombe qui marque la fin de la route et où se laisse découvrir la Piton de La Fournaise, l’on aperçoit en contrebas, des colonnes de marcheurs,- ramenés à l’échelle de fourmis – partis à l’assaut du cratère Dolomieu. Compter environ 3 heures pour y aller et autant pour revenir… avant la remontée pénible des  marches vers le Pas de Bellecombe.

Sur la route du retour, il est fortement conseillé de faire une  halte à la Cité du Volcan de Bourg Murat. Pôle d’attraction touristique, il s’agit aussi d’un centre pédagogique et scientifique dédié au Piton de la Fournaise et à l’univers de la volcanologie dans sa globalité. Sur 6000 m2, la visiteur peut faire sa propre visite du musée et s’approprier les différentes connaissances géologiques de l’histoire de La Réunion, le point d’orgue étant certainement la projection en 3D d’un film de 30 mn faisant entrer le spectateur dans le ventre de la terre. Non seulement ça chauffe, mais ça décoiffe!

Encore des fumerolles sur des coulées qui datent

Sa partie basse contenue entre les villages de Sainte-Rose et Saint-Philippe, recèle aussi ses propres trésors. Elle occasionne un intérêt croissant sous l’impulsion des professionnels initiant des sorties découverte. Car insuffisamment su, l’enclos volcanique sur ses pentes, comme sur la côte du Grand Brûlé consitue un formidable terrain d’exploration. 2002, 2004, 2005, 2007… Des bornes plantées le long de la RN2 identifient l’année de la coulée partie se perdre en mer. Se détachent de ce paysage sombre et fascinant d’âpreté, des petits cônes volcaniques enveloppés d’un halo de brume. Stupeur et interrogation…? “De la vapeur d’eau résultant de l’infiltration des pluies matinales et qui s’évapore au contact de la lave encore brûlante”, me renseigne Juanito Boyer, un enfant du pays, à la fois guide, accompagnateur en montagne et spéléologue volcanique. Chose stupéfiante alors que la coulée date de plusieurs années déjà.

Claustrophobes s’abstenir

C’est la coulée 2001-2004 qui concentre toute l’activité découverte de la spéléo des tunnels de lave. Au coeur de ces laves plus ou moins récentes, on se passionne pour les banquettes et les colonnes, les sculptures naturelles façonnées par la variation de débit de la lave se ruant vers la mer et les stalactites qui magnifient des parois un peu altérées à dominantes rouges et chocolat. Sur un maillage de 5 km de galeries explorées, il faut compter 3h pour une traversée initiation – sur 600 mètres -, ou 4h30 la traversée intégrale sur 1,2km. Le cheminement s’effectue sans hâte, pour que l’appréhension d’un environnement étranger s’apprivoise. Dans tous les cas, expérimenter les étroitures n’est pas une obligation, de même que pantalons et gants se révèlent indispensables pour avancer en canard sur les portions où la voûte est la plus basse. Si s’introduire dans le ventre de la terre constitue une expérience excitante car inédite, ces formations géologiques intéressent les scientifiques, susceptibles par ce biais de percer les mystères de l’intimité du volcan. Entré en activité pour la dernière fois en juillet 2017, il n’y a plus qu’à attendre les premiers signes de la première éruption de 2018.

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